La mesure administrative visant à restreindre l’accès à internet via les données mobiles contraint les sociétés de transport et de livraison à fermer boutique. Alors que pour Yango, le chauffeur utilisant l’application gagne en moyenne 187 mille par mois, c’est l’incertitude qui règne. A quand la levée des restrictions ? C’est sans doute la question qu’ils se posent tous ! Par Malick GAYE –
Pour un impératif de sécurité, c’est une mesure qui va, à coup sûr, plonger un bon nombre de personnes dans une insécurité incommensurable. En effet, le ministre de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique a pris la mesure administrative de restreindre l’accès à internet via les données mobiles. L’objectif est d’éviter la pollution de «messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menace de troubles à l’ordre public». Ainsi, depuis lundi, pour se connecter à internet avec les données mobiles, il faut attendre 2 heures du matin. Au-delà de 8 heures, l’accès à internet sur ce terminal mobile est impossible. Une situation qui a une conséquence économique désastreuse. C’est le cas des services de livraison et de transport dont la matière première est la 4G. Le secteur commence d’ores et déjà à chiffrer les pertes. En effet, les nouvelles sociétés de transport, qui offrent des prestations sur mesure aux clients, utilisent la connexion internet. Pour se déplacer d’un point A vers un point B, l’application géolocalise le client et le chemin à parcourir, avant de proposer un prix. Le montant final à payer dépend souvent de la fluidité du trafic. Hors, pour tout cela, seule la connexion peut le faire. «Nous allons au bureau depuis lundi. C’est vrai que l’activité n’est pas ce qu’elle était, mais on est là», explique Babacar, un agent commercial de Yango, joint par téléphone. Il assure qu’il est «impossible d’utiliser l’application sans la connexion. Donc, seuls les taximen peuvent continuer à travailler sans souci. Les particuliers n’étant pas autorisés à faire du transport vont devoir arrêter. Même le service de livraison qui utilise la géolocalisation ne travaille pas depuis lundi». Même si Babacar n’est pas en «mesure de partager le nombre d’utilisateurs actifs sur Yango», il affirme qu’ils ne sont pas nombreux ceux qui peuvent se payer de luxe de «ne pas avoir au moins 50 mille francs Cfa de bénéfices chaque semaine». Car, en moyenne, «la personne qui utilise Yango gagne 187 mille francs Cfa par mois». Mais l’obtention de cette somme est fortement comprise, car la restriction de l’internet mobile freine l’activité. Heetch, Yassir et les autres sont dans la même situation. Les services de livraison sont obligés d’aller en chômage technique. Les gérants de mobile money ont été obligés d’utiliser les codes Ussd pour contourner l’usage de l’internet mobile. Et les distributeurs qui utilisent le mobile sont obligés de fermer boutique en attendant la levée des restrictions. Pour AfricTivistes, cette 2ème coupure temporaire d’internet mobile par le gouvernement du Sénégal «bafoue les droits fondamentaux à l’information, à la libre expression et impacte fortement le tissue économique. Aucune crise ne peut justifier de telles violations».
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