En présidant la cérémonie de remise des prix aux lauréats du Concours général hier, Bassirou Diomaye Faye a annoncé une réforme du système éducatif en mettant l’accent sur le développement de l’enseignement des sciences et l’introduction des langues nationales. D’après le président de la République, le «Sénégal a besoin de scientifiques pour faire face au défi des temps présents et à venir». De même, pour lui, «mettre l’école au service de la souveraineté nationale, c’est aussi poursuivre l’intégration des langues nationales dans notre système éducatif».

L’édition 2024 de la cérémonie de remise des prix aux lauréats du Concours général a été présidée par Bassirou Diomaye Faye. Le chef de l’Etat, qui relève que les lauréats viennent «d’horizons divers et de couches sociales diverses», soutient que cela montre «que l’excellence est à la portée de tous ceux qui portent un rêve de réussite et persévèrent dans le travail acharné pour le réaliser». En cela, indique le président de la République, «l’éducation est le socle sur lequel repose toute société juste, équitable et prospère». Poursuivant ses propos, il ajoute qu’elle «est le rempart contre l’ignorance et les inégalités, et le levier de la transformation sociale». D’où donc, pour M. Faye, la nécessité de «garantir à chaque enfant, qu’il soit en milieu urbain ou rural, les mêmes opportunités de réussite». A ce sujet, il renseigne que son gouvernement travaille «au renforcement et à la modernisation des infrastructures scolaires, mais également à la formation des enseignants et à l’amélioration des conditions d’exercice de leur noble métier avec des contenus pédagogiques pertinents et adaptés aux défis du 21e siècle».

Ce programme de recrutement d’enseignants, selon lui, «permettra de combler le déficit actuel et d’éliminer les classes multigrades, double-flux, ainsi que les abris provisoires à l’horizon 2030». Dans la même dynamique, le président de la République informe que «les conditions pédagogiques et techniques seront améliorées en développant des filières d’apprentissage pratique pour répondre à des besoins spécifiques de main-d’œuvre de qualité». Et d’expliquer : «Notre pays a un besoin urgent de renforcer l’enseignement des sciences et des mathématiques afin d’accroitre considérablement le nombre d’élèves dans les filières scientifiques.» Faisant savoir que «cette année, nous avons eu moins de 17% de candidats au Baccalauréat dans les séries scientifiques et techniques», M. Faye estime que «cette régression doit impérativement s’arrêter pour éviter d’hypothéquer nos ambitions légitimes de souverainetés alimentaire, pharmaceutique, numérique, technologique». Selon lui, «le Sénégal a besoin de scientifiques pour faire face au défi des temps présents et à venir». Et le chef de l’Etat d’argumenter : «Le monde dans lequel nous vivons est un monde de connaissances scientifiques, technologiques et numériques, aussi la conquête des souverainetés auxquelles je vous invite passe nécessairement par la maîtrise des sciences, des mathématiques, des technologies et du numérique.» Bassirou Diomaye Faye invite ainsi «les apprenants à redoubler d’efforts pour s’approprier les sciences, les technologies et les mathématiques», et «les pédagogues à réfléchir sur les voies et moyens de faire de notre système éducatif un espace attractif d’apprentissage des sciences et technologies». Outre les sciences, le Président Faye mise aussi sur l’enseignement technique et la formation professionnelle. Pour lui, ces deux filières «seront des leviers d’industrialisation, de valorisation des ressources et d’amélioration de l’employabilité des diplômés». Le nouveau Président, qui a pris l’engagement de rendre le système éducatif plus performant, n’a pas été avare en promesses pour sa première célébration de l’excellence dans le domaine de l’éducation. «Nous comptons renforcer la carte nationale des établissements d’enseignement technique et rendre les offres de formation plus inclusives et de qualité. L’éducation des enfants en situation de handicap étant pour nous une priorité nationale, nous devons construire des structures spécialisées et renforcer le système des assistants de vie scolaire, tout en mettant aux normes toutes les infrastructures.» Concernant toujours les réformes, le président de la République est convaincu que «mettre l’école au service de la souveraineté nationale, c’est aussi poursuivre l’intégration des langues nationales dans notre système éducatif». Dans ce cadre, Bassirou Diomaye Faye assure que «les expérimentations en cours dans le cadre du Modèle harmonisé d’éducation bilingue au Sénégal seront capitalisées en vue de mettre ces langues au cœur du dispositif d’enseignement».

Par ailleurs, informe-t-il, «l’évaluation du système éducatif en cours permettra une mise en adéquation des programmes avec les réalités, les enjeux du moment et les besoins de l’économie nationale». C’est dans cette perspective, souligne le chef de l’Etat, «que j’ai instruit de renforcer le rôle et la place de la Faculté des sciences et techniques de l’éducation et de la formation et de l’Ufr des sciences de l’éducation et de la formation du sport, ainsi que des écoles de formation d’instituteurs, en vue de l’amélioration continue de la qualité des enseignements».

100 lauréats dont 53 filles L’excellence prend des «elles»

Les lauréats du Concours général 2024 ont été honorés hier, lors de la traditionnelle cérémonie qui se tient chaque année et qui est présidée par le chef de l’Etat. Pour cette édition, les lauréats étaient au nombre de 100 dont 53 filles et 47 garçons. Le directeur de l’Enseignement moyen-secondaire, Pape Kandji, est revenu, lors de cette rencontre, sur les statistiques. D’après M. Kandji, «au titre de la participation, le nombre de candidats inscrits, public comme privé, est de 3203 dont 1865 filles et 1338 garçons, contre en 2023 3054 candidats, soit 149 candidats de plus». Pour les classes de Première, il a été noté 1695 inscrits dont 1039 filles et 656 garçons. Pour les classes de Terminale, ils étaient 1508 dont 826 filles. A l’arrivée, ils sont 100 lauréats dont 53 filles et 47 garçons, 55 lauréats en classe de Première dont 36 filles et 19 garçons, 45 en classe de Terminale dont 28 filles et 17 garçons.
Concernant toujours les statistiques «en classe de Première, sur les 55 lauréats, les 47 sont du public et les 8 du privé, en classe de Terminale, sur les 45 lauréats les 37 sont du public et les 8 du privé». Pour ce qui est des distinctions, «112 ont été enregistrées dont 64 prix et 48 accessits», avec 63 distinctions en classe de Première et 49 en classe de Terminale. Pour les classes de Première, les 54 distinctions sont pour le public et les 9 pour le privé, en classe de Terminale, 41 pour le public et 8 pour le privé. Au total, renseigne le directeur de l’Enseignement moyen-secondaire, «on dénombre 95 distinctions pour le public et 17 pour le privé, les filles ont totalisé 57 distinctions dont 32 prix et 25 accessits, les garçons ont eu 55 distinctions dont 32 prix et 23 accessits». Il faut souligner que Zeinab Samb Diène, du privé Racine School, et Ahmadou Bachir Touré, du Prytanée militaire de Saint-Louis, se sont distingués en étant respectivement meilleurs élèves des classes de Première et Terminale.

Taux de réussite de 50, 50% au Bac
Par ailleurs, M. Kandji a saisi cette occasion pour parler du taux de réussite du Bac 2024, qui est «de 50, 50% avec 9481 mentions dont 169 «Très bien», 1586 «Bien», contre en 2023 8212 mentions dont 145 «Très bien»». A l’en croire, «dans un contexte de budget programme avec une approche de la gestion axée sur les résultats, ces performances sont encore en deçà de nos attentes». D’après le directeur de l’Enseignement moyen-secondaire, «une analyse fine de toutes les évaluations certificatives permettrait à coup sûr de pointer les insuffisances, afin de mettre en place un dispositif opérationnel permettant d’améliorer les performances eu égard aux ressources injectées».