Résurgence de la maladie : 250 nouveaux cas de lèpre recensés

L’Oms avait décrété en 2005 que la lèpre n’était plus un problème de santé publique. 12 ans après cette déclaration, l’étude de prévalence réalisée par la Direction générale de l’action sociale, en rapport avec l’Ong allemande Aide aux lépreux et au tuberculeux, le Programme national pour l’élimination de la lèpre et le centre hospitalier de l’ordre de Malte, prouve que cette maladie connait aujourd’hui une recrudescence.
Alors que l’Organisation mondiale de la santé (Oms) avait déclaré en 2005 que la lèpre n’est plus un problème de santé publique, la maladie persiste encore au Sénégal. Lors d’un atelier de validation du Plan d’actions de gestion de la lèpre, qui a été ouvert hier à Saly, Mme Coumba Wade, la directrice de la Promotion de la protection des groupes vulnérables à la direction générale de l’action sociale, est revenu sur les termes de cette étude : «C’est une étude qui s’est concentrée sur deux villages de reclassement, Mballing et Koutal et qui a révélé une prévalence de 5% qui est au-delà de la prévalence nationale, qui est de 0,22%. L’étude de prévalence a montré un taux de 5% sur un échantillon de 1605 habitants, on a retrouvé 74 nouveaux cas, c’est juste un échantillon alors que le taux national est à 0,22 cas pour 10 000 habitants, vous voyez l’écart.» Elle ajoute : «Cela nous a guidés un peu avec tous les acteurs, qui s’investissent dans le domaine de la lèpre de pouvoir faire une autre étude au niveau de ces villages de reclassement social pour voir qu’est-ce qui justifiait ce taux de prévalence qui dépasse un peu la normale. C’est pourquoi nous sommes partis dans les 9 villages de reclassement social, cela nous a pris deux mois d’étude pour voir avec les acteurs, les populations au niveau local et les autorités qu’est ce qui justifiait cette recrudescence de la maladie au niveau de ces villages de reclassement social.» Il faut savoir par contre que la résurgence de la lèpre ne concerne pas seulement les villages de reclassement. Elle est devenue persistante en dehors de ces sites. «Selon les statistiques du Pnel, le Sénégal enregistre chaque année, environ 250 nouveaux cas de lèpre et les indicateurs épidémiologiques montrent des tendances lourdes très inquiétantes. En effet, 16% de ces nouveaux cas dépistés sont des enfants et 20% sont dépistés chaque année avec des mutilations de niveau 2», révèle la directrice de la Promotion, de la protection des groupes vulnérables à la Direction générale de l’action sociale. Quels sont alors les déterminants médicaux et sociaux sur lesquels il faut agir ? «Du point de vue médical, l’étude de prévalence a démontré qu’il y avait un peu une déperdition de l’expertise lèpre, c’est-à-dire les professionnels du point de vue médical, qui s’investissent dans le domaine de la lèpre ne sont pas si nombreux et cela est normal parce que l’Oms a décrété depuis 2005 que la lèpre n’était plus un problème de santé publique parce que ont était à moins d’un cas pour 10 000 habitants», détaille Mme Badiane. «L’autre déterminant médical qui a été détecté par cette étude de prévalence, c’est que dans certaines localités, on a vu d’anciens malades qui n’ont pas suivi une poli-chimiothérapie parce qu’elle a été introduite au Sénégal en 1982 et quiconque prenait ce traitement n’était plus contagieux alors qu’il y a d’anciens malades qui n’ont pas suivi cette poli-chimiothérapie mais qui étaient sous traitement monothérapie donc qui étaient toujours porteurs de la maladie même s’ils ne sont pas malades, ils ont toujours du bacille, donc ils peuvent transmettre la maladie car ils vivent avec des personnes qui ne sont pas atteints», poursuit-elle. Elle n’a pas oublié de lister les déterminants sociaux comme la promiscuité, la pauvreté, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, qui facilitent la recrudescence de la maladie.
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