Un an après le lancement du programme visant à protéger les enfants victimes d’exploitation, l’Ong Human rights watch (Hrw) et la Plateforme pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (Ppdh) publient un rapport qui pointe l’insufficance de l’initiative gouvernementale.
«L’exploitation des enfants talibés et les abus dont ils sont victimes restent monnaie courante.» Par cette affirmation, l’Ong Human rights watch (Hrw) et la Coalition sénégalaise d’organisations de défense des droits humains, baptisée Plateforme pour la promotion et la protection des droits de l’homme (Ppdh), entendent souligner «l’insuffisance des efforts de lutte contre la mendicité des enfants». A travers un communiqué, elles protestent contre le fait que «des dizaines de milliers d’enfants talibés au Sénégal continuent d’être forcés à mendier et de souffrir d’abus dans certaines écoles coraniques traditionnelles, un an après le lancement d’un programme gouvernemental visant à réprimer ces pratiques». En s’appuyant sur un rapport de 45 pages qu’elles viennent de publier, intitulé Je vois encore des talibés mendier : Insuffisance du programme gouvernemental pour protéger les enfants talibés au Sénégal, ces deux organismes «documentent les abus persistants et notamment l’omniprésence de la mendicité forcée, de la violence et des abus physiques, l’enchaînement, l’emprisonnement et les abus sexuels auxquels ont été confrontés de nombreux enfants talibés à Dakar et dans quatre autres régions du pays, pendant et malgré la mise en œuvre du programme». Le rapport indique notamment que «1 547 enfants ont été retirés des rues de Dakar, entre juin 2016 et mars 2017, et plusieurs centaines d’entre eux ont pu rejoindre leurs familles. Mais au final, plus de 1 000 enfants identifiés comme talibés ont été renvoyés auprès de leurs maîtres coraniques, ceux-là mêmes qui au départ les avaient forcés à mendier» et relève que «le gouvernement n’a formellement ouvert aucune enquête sur les maîtres impliqués, personne n’a été arrêté et aucune inspection officielle n’a été effectuée pour déterminer les conditions de vie dans les daaras». Dans le même temps, le document mentione que «pendant la première année de mise en œuvre du nouveau programme, Human rights watch a également documenté la mort de deux talibés suite à des abus dans des écoles coraniques ; cinq cas d’abus sexuels ou de tentatives d’abus sexuels par des maîtres coraniques ou leurs assistants, et 28 cas de talibés battus, enchaînés ou emprisonnés dans des daaras. Ces abus ont eu lieu à Dakar et dans quatre autres régions du Sénégal». Par ailleurs, Hrw et la Ppdh estiment que «les candidats aux élections du 30 juillet à l’Assemblée nationale devraient placer les droits de l’enfant au centre de leur campagne et la nouvelle Assemblée s’efforcer de mettre fin à la mendicité forcée et d’accélérer l’adoption du projet de loi portant statut des daaras».
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