Le 28 mai 2023, plus de 150 gendarmes étaient positionnés dans le village d’Ida Mouride, près de la ville de Koungheul, au Centre du Sénégal, pour stopper la «Caravane de la liberté» initiée par Ousmane Sonko, alors farouche opposant du régime du Président Macky Sall. Pros, comme on appelait affectueusement le maire de Ziguinchor, était mis aux arrêts en même temps que son chauffeur, son garde du corps et le Coordonnateur départemental de Vélingara du parti Pastef. Ils se trouvaient tous dans un des véhicules banalisés du Pros en provenance de la ville de Vélingara (Sénégal), via la Gambie. Ibou Gu7ye, Coordonnateur départemental de Pastef de Vélingara, raconte : «Le vendredi 26 mai 2023, Pros a initié la «Caravane de la liberté», qui devait partir par voie terrestre de Ziguinchor à Dakar, en passant par la Corniche-est. A Kolda, il y eut des échauffourées et mort d’homme. Le lendemain, samedi 27 mai, le convoi de Pros a pu entrer à Vélingara. Nous avons usé de stratagèmes pour contenir les Forces de l’ordre à l’entrée Est de la ville pour entrer par une voie détournée, organiser notre caravane librement et parler aux populations. Ce que nous avons pu réussir. C’est à la fin de la caravane, au moment de nous rendre au siège du parti Pastef, que la gendarmerie nous a dispersés à coups de grenade lacrymogène. Nous nous sommes débrouillés pour cacher Pros dans une maison privée. Il était question d’arrêter Sonko et mettre fin à la caravane. Alors que tout le monde attendait le convoi sur la route de Tambacounda, le lendemain dimanche 28 mai, à bord d’une moto, vers 5 heures du matin, j’ai déposé Sonko dans la ville gambienne de Bassé. Je suis revenu plus tard à Vélingara prendre le garde du corps et le chauffeur à bord d’un des véhicules banalisés. Pros avait décidé de mettre fin à la caravane pour retourner à Dakar. Une personnalité influente de Bassé nous a aidés à quitter le pays pour rallier le Sénégal, à partir de Koussanar. Nous avons pu dépasser beaucoup de checkpoints des Forces de sécurité, incognito.» Et puis, poursuit M. Guèye, «à Ida Mouride, nous avons trouvé un cortège impressionnant de véhicules de gendarmes. Pas moins de 50 véhicules : entre camionnettes avec une ou double-cabine, pickups et Prado des gradés de l’Armée. Plus de 150 éléments de la gendarmerie étaient positionnés pour la fouille des véhicules. C’est ainsi qu’ils ont mis la main sur nous. Pros est amené directement à son domicile à Dakar. Le chauffeur, le garde du corps et moi étions emprisonnés à Kaolack».
Une semaine après, il y eut le procès. «Nous avons été libérés parce qu’il y eut un vice de procédure relativement à notre arrestation. Nous nous sommes agrippés à cette anomalie pour asseoir notre défense et obtenir une liberté définitive.»
Par Abdoulaye KAMARA – akamara@lequotidien.sn