Le médiateur de la République, Demba Kandji, a révélé, jeudi à Ziguinchor (Sud), que ses services traitent en moyenne près de 400 réclamations par an, dont «le plus gros concerne le foncier», avec un taux de satisfaction estimé entre 50 et 60%. «Nous tournons autour de 400 dossiers par an, et le taux de satisfaction peut être estimé à 50-60%. Le plus gros des réclamations concerne le foncier», a-t-il déclaré à l’Aps.

Demba Kandji était en visite dans la capitale sud du pays dans le cadre d’une mission de reddition des comptes auprès des populations. Selon M. Kandji, ce déplacement à Ziguinchor s’inscrit dans le prolongement de la remise de son rapport annuel au président de la République, en mars dernier, conformément aux textes régissant sa mission. «Je travaille pour le compte des populations. Après la remise du rapport, j’ai le devoir de revenir vers elles pour rendre compte, mais aussi pour écouter, recueillir leurs doléances et en faire part à l’autorité compétente», a-t-il ajouté, en présence notamment de l’adjoint au Gouverneur Alsény Ban­goura.

De nombreuses préoccupations ont été soulevées par les populations à l’occasion de cette rencontre, notamment celles liées au retour et à la réinstallation des déplacés, ainsi qu’à l’état des infrastructures routières, perçu comme un frein au développement local. «La Casamance a vécu des événements douloureux», a-t-il dit au sujet de la crise qui secoue la partie méridionale du pays en lien avec une rébellion déclenchée en 1982 par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), un conflit qui a fait des milliers de victimes et a ravagé l’économie de cette partie du Sénégal.
En 2022, l’Armée nationale a mené des opérations d’envergure contre les bases rebelles, ce qui a renforcé l’accalmie et favorisé le retour des personnes déplacées dans leurs villages d’origine. «Aujourd’hui, la Casamance guérit, mais il est normal que ses préoccupations premières portent sur le retour des populations et leur bonne installation», a-t-il ajouté, saluant les efforts engagés par les autorités publiques à travers le Plan Diomaye pour la Casamance, lancé par le chef de l’Etat pour accompagner le retour des déplacés et relancer les activités économiques dans la région sud du pays. C’est un programme de 22 mesures, doté d’un budget de 53, 6 milliards de francs Cfa. Demba Kandji a également insisté sur la nécessité de réhabiliter les routes, les qualifiant de «voies de développement» cruciales pour l’économie régionale et le bien-être des populations.

Le coordonnateur du Col­lectif des organisations de la Société civile à Ziguinchor, Henry Ndécky, a plaidé, lors de cette rencontre, pour «un retour digne et sécurisé» des populations en Casamance. Il a salué l’implication des acteurs locaux dans la mise en œuvre des stratégies de paix en Casamance, tout en soulignant l’urgence de répondre aux préoccupations des populations déplacées souhaitant retourner dans leurs localités d’origine. «Etant originaires de la région de Ziguinchor, nous avons beaucoup à partager, tant en termes de besoins que de solutions», a déclaré M. Ndécky, insistant sur la nécessité d’assurer l’équité et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Il a également appelé à la mise à disposition urgente de fonds pour le démarrage effectif des déménagements, saluant au passage les efforts déjà engagés par les autorités.

Henry Ndécky a en outre insisté sur l’importance de réhabiliter les axes routiers essentiels tels que les routes Bignona-Diouloulou-Kafountine-Séleti, Ziguinchor-Cap Skirring, ou encore celles menant à Essil et Djivente. Il a réaffirmé l’engagement de la Société civile à accompagner les autorités et les partenaires dans le processus de paix, pour un retour durable des populations et un développement équitable de la Casamance.