Revendication – En inaugurant le Centre international d’arts contemporains : Kalidou Kassé réclame son Bac art plastique

Le Bac en art plastique, c’est ce que réclame l’artiste-plasticien, Kalidou Kassé, pour offrir aux étudiants, qui souhaitent étudier cette matière, de pouvoir saisir les multiples opportunités qu’offre ce domaine avec le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est tout le sens que revêt le Centre international d’arts contemporains et des cultures (Ciac) que l’artiste-plasticien vient de mettre en place en l’inaugurant mardi dernier et dont l’une des missions est d’arriver à concrétiser l’ambition de son président.
Kalidou Kassé, l’artiste-plasticien, se bat pour l’instauration du diplôme du Bac art-plastique au niveau du cursus scolaire sénégalais. C’est en tout cas la volonté affichée par l’artiste-plasticien lors de l’inauguration mardi dernier du Centre international d’arts contemporains et des cultures (Ciac) qu’il vient de mettre sur place et qui est basé à Ouest-Foire. «Pourquoi pas le Baccalauréat des arts plastiques ?», s’interroge Kalidou Kassé, qui renseigne que «lors de ma dernière exposition à Genève, tous les étudiants qui sont venus faisaient le Baccalauréat arts plastiques». C’est d’ailleurs l’une des «missions» que vise la création du Centre international d’arts contemporains et des cultures dont Mme Khady Kassé est la directrice et Mouhamadou Ciré Sy, le coordonnateur.
«Permettre aux jeunes d’avoir le Bac arts plastiques, c’est très possible au Sénégal».
«L’objet de cette rencontre, c’est de lancer le nouveau centre. Il y a 20 ans, nous avions instauré les ateliers du Sahel, qui constituent un atelier d’arts plastiques. Mais aujourd’hui, nous ouvrons un centre où il y a une galerie d’art, des résidences d’artistes. Il faut rappeler un petit peu, Taggat avait formé plus de 1300 jeunes qui sont actifs. Aujourd’hui, nous poussons le bouchon pour aller vers une formation beaucoup plus consolidante, en pensant à partir du centre, à aller vers les university of art pour permettre aux jeunes d’avoir le Bac arts plastiques. Je pense que c’est très possible. Je suis étonné de voir qu’au Sénégal, on a un retard à ce niveau parce que nous avons le baccalauréat arabe, le baccalauréat technique. Pourquoi pas le baccalauréat arts plastiques ? A l’ère des technologies, il y a énormément de possibilités pour les jeunes», dit le président, qui fêtait ses 40 ans de carrière.
«Des sessions de formation dans l’audiovisuel, les arts plastiques, le cinéma»
Parlant toujours de ce centre qu’il vient de mettre en place et dont l’inauguration s’est tenue mardi en présence de Abdoulaye Diop, ministre de la Culture, Kalidou Kassé de souligner : «ma mission c’était de poser des actes concrets, des actes consolidants sur le plan des arts et de la culture» en offrant aux jeunes des sessions de formation dans plusieurs domaines. «Cela nous permet aujourd’hui de préparer le futur de nos jeunes qui vont venir après. Nous avons prévu des sessions de formation dans les domaines de l’audiovisuel, des arts plastiques, du cinéma, un peu tout ce qui est audiovisuel», soutient M. Kassé qui indique que ce centre ne se limitera qu’à enseigner ces domaines précités.
La musique aura une part belle à travers les formations offertes aux jeunes, avec l’enseignement des instruments traditionnels qui ne sont plus utilisés dans les compositions musicales. «Nous avons prévu de faire des formations dans les domaines de la musique traditionnelle. La kora, le balafon, le xalam, le riti, ce sont ces instruments qu’on va réhabiliter pour leur donner la véritable valeur qu’il faut, c’est-à-dire les enseigner en incitant les étrangers à venir apprendre ces instruments avec des professeurs, leur permettre de comprendre de quoi est fait l’instrument, un balafon, de quoi est fait un riti, quelle est l’histoire de ces instruments derrière ? Pour pouvoir les restituer à la postérité. Nous avons prévu de faire des formations dans le domaine de la musique traditionnelle», fait-remarquer M. Kassé. «Je demande pourquoi depuis lors on n’utilise que la guitare, les instruments occidentaux», indique M. Kassé. Il constate aussi : «Nous avons des instruments traditionnels, aujourd’hui quand l’on se rappelle l’Ifanbondy, on se rappelle Ucas Jazz Band de Sédhiou, mais ils ont commencé les instruments traditionnels dans leur métier, dans le domaine de leur création. Plus tard les jeunes ont presque délaissé ces instruments-là. Il n’y a que quelques rares qui l’utilisent.» «Si le sabar est au centre de la musique sénégalaise, le mbalax, c’est parce que le sabar a sa place là-bas mais pourquoi pas les autres instruments ? Je me suis dit, je suis plasticien mais on est transversal. Quand on parle d’arts contemporains, ça lie tous les arts», mentionne celui qui fait du Pr Ousmane Sène du Warc, le parrain du Centre international d’arts contemporains et des cultures.
Voulant faire de ce centre une université dans un futur proche en s’activant dans la recherche de partenariats à cet effet, Kalidou Kassé n’a pas souhaité communiquer la somme dépensée pour construire cette infrastructure sur fonds propres. «Je ne veux pas dire ce que ça m’a coûté. C’est un financement propre, j’ai pu vendre mes tableaux, j’ai réinvesti. Je crois en ce que je fais. C’est un travail de longue haleine. C’est depuis 20 ans que j’ai créé les ateliers du Sahel. Je suis arrivé à faire le Centre international d’arts contemporains et des cultures. J’ai pris le temps de gagner et de mettre. Je ne peux même pas compter ce que j’ai mis comme argent parce qu’en un moment donné, je me disais même j’ai trop dépensé. Mais comme j’y crois, je ne vois pas ce que je dépense», tient à dire l’artiste-plasticien. «Tout a été recassé, pour reprendre tout. J’habitais ici presque une vingtaine d’années. J’ai déménagé pour reprendre, restaurer la maison pour en faire un centre d’art. Je ne voulais pas en faire une maison de location, c’était plus rapide pour gagner de l’argent», fait remarquer M. Kassé dont le centre compte en son sein des artistes résidents. Une exposition «sans thème» d’un mois se tient dans la galerie du Ciac.
Ayant débuté le mardi 28 décembre et pour être clôturée le 28 janvier 2022, cette exposition offre aux jeunes artistes l’occasion d’exprimer leur talent selon M. Kassé. Pour le ministre de la Culture, Abdoulaye Diop, l’ouverture du Ciac «agrée profondément les autorités» du fait que ce centre «entre en droite ligne de leur préoccupation d’une formation qualifiante».
Citant l’école des arts, l’Ufr des arts et l’université Gaston Berger, le ministre de souligner qu’avec le Ciac, un cycle de complexes dédiés à la formation et à la diffusion des arts plastiques s’ouvre au Sénégal. Et du fait d’une convergence de vues avec les autorités de la culture et de la communication, le ministre de la Culture, qui peint Kalidou Kassé sous les traits d’un artiste doublé d’un entrepreneur culturel, promet que l’Etat va apporter son soutien à cette initiative à travers un partenariat public-privé avec un «accompagnement financier» qui sera déterminé.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn