Le Collectif des formateurs de l’Ecole nationale des arts (Ena) se plaint de ses conditions de travail et dénonce le mauvais traitement salarial dont sont victimes ses membres. Lors d’un point de presse avant-hier, il a prévenu les autorités d’un risque d’année blanche si ses revendications ne sont pas satisfaites.

«Au niveau du Sénégal, l’Ena est le seul établissement public d’enseignement professionnel qui a pour vocation d’assurer la formation initiale mais également la formation continue, elle doit assurer par ailleurs la formation continue et spécifique des agent de l’Etat et du secteur privé, et des étrangers par l’organisation des stages de séminaire de recyclage et de perfectionnement. Elle assure en outre des prestations de services sous forme de conception de technique et de suivi. Les défis sont énormes et pour les relever, l’Ena ne saurait à juste titre répondre à ces objectifs qui lui sont assignés si elle ne dispose pas de suffisamment de moyens financiers, matériels et mais surtout de ressources humaines hautement qualifiées», s’est longuement épanchée Mme Ndèye Codou Ndiaye, la coordonnatrice du Collectif des formateurs de l’Ecole nationale des arts.
Depuis deux mois, cette structure observe un mouvement de grève pour bénéficier de «certains privilèges» de la part de l’Etat. Les formateurs revendiquent entre autres le statut du formateur, une augmentation du budget de l’Ena et la construction des nouveaux locaux. «Mais le statut du formateur de l’Ecole nationale des arts est prioritaire», précise Mme Ndiaye.
D’après elle, leur charge de travail a augmenté en offrant une formation «de cycle supérieur». Il s’agit de former des professeurs d’éducation artistique, musicale de niveau «Bac+4». Sans oublier la «formation des formateurs, participation à des jurys pour les dossiers artistiques, plastiques et musicaux, l’inspection des stages pratiques des étudiants. La coordonnatrice du collectif est amère de constater que leurs revenus n’ont pas connu une hausse, malgré les nouvelles tâches qu’ils exécutent. «Nous ne sommes plus dans notre cadre d’origine, nous avons un nouveau cadre d’emploi, aujourd’hui nous percevons la rémunération de notre cadre d’origine», déplore Mme Ndèye Codou Ndiaye.

100 millions de franc Cfa «pour survivre»
Par ailleurs, la question de budget de l’école est aussi une revendication du Collectif des formateurs. A l’en croire, l’Ena fonctionne avec un budget, «qui n’est pas conséquent». En précisant par ailleurs : «Le budget tourne autour de 11 millions, on pense que c’est inadmissible pour une école de formation. Nous avons d’énormes problèmes concernant la gestion de cette école et cela est surtout dû à cette insuffisance de budget. Nous voulons qu’il soit revu à la hausse, d’ailleurs le directeur avait fait une proposition allant au-delà de 100 millions. Il nous faut moins 100 millions, cela nous permettra de survivre même si ça ne va pas résoudre le problème», prévient Mme Ndiaye.

Inadéquation des locaux
Ce n’est pas la seule revendication. Les formateurs déplorent le problème de locaux parce qu’ils «occupent un bâtiment à usage d’habitation». «Il y a un manque de bureaux pour le personnel de l’administration», dit-elle en soutenant qu’ils font cours dans deux sites différents. «Cela cause des perturbations dans le déroulement des heures de cours. Il est impossible pour un professeur de terminer un cours à 10h dans un site et aller donner un autre cours dans le second site», dit-elle.
Et cette situation gêne la formation des élèves. «Etant donné que c’est la seule école de formation publique professionnelle au Sénégal, dans le domaine des arts avec des travaux pratiques spécialisés, dans le cadre de la musique il faut des salles insonorisées, en atelier pratique couleur, il faut vraiment une salle spacieuse pour pouvoir faire des cours correctement», déclare Mme Ndèye Codou Ndiaye. En attendant la réaction des autorités, le Collectif des formateurs n’exclut aucune éventualité si l’Etat ne satisfait pas leurs doléances. «Si les revendications ne sont pas prises en compte, d’ici la fin du mois de juin, l’Ecole nationale des arts, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, risque de connaitre une année blanche», continue toujours Mme Ndèye Codou Ndiaye, qui annonce qu’un autre plan d’actions sera mis en branle.
Stagiaire