Revendications – Précarité des reporters, conditions de travail : Bamba Kassé étale les maux de la presse

Une réforme en profondeur du secteur des médias : c’est une des doléances présentées par le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics). Bamba Kassé s’est exprimé ce samedi, lors de la cérémonie de remise des cahiers de doléances au chef de l’Etat, pour étaler le désarroi et les maux dont souffre le secteur de la presse.Par Ousmane SOW
– Une réforme en profondeur du secteur des médias : c’est ce que réclame le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics). A quelques heures du sit-in organisé aujourd’hui sur l’étendue du territoire national par la Coordination des associations de la presse (Cap), le Sg du Synpics a invité l’Etat à tenir «les assises de la presse». Selon Bamba Kassé, «le secteur doit faire l’objet d’une réforme en profondeur qui permettra de disposer d’entreprises fortes, bien dotées en ressources et pouvant, à la sueur de leurs innovations quotidiennes, renforcer la confiance du public». Face au Président Macky Sall pour la traditionnelle cérémonie de remise du cahier des doléances, Bamba Kassé a fait remarquer que la presse sénégalaise, qui jadis et très récemment encore faisait la fierté de tous, est aujourd’hui «piétinée, agressée, menacée, attaquée et traînée dans la boue». «Au mois d’avril dernier, le Sénégal, en lieu et place de la 47e place dans le classement de Reporter sans frontières (Rsf) en 2019, occupe désormais la 49e place, soit un recul de 2 places», fait-il remarquer. «La question légitime est alors pourquoi Dakar, qui accueille la quasi-totalité des organisations internationales de la presse qui y ont leur siège africain, est subitement pointée du doigt comme n’étant plus à sa place», s’interroge le secrétaire général du Synpics. Répondant à sa propre interrogation, Bamba Kassé explique que le Sénégal a reculé parce que la presse sénégalaise a fait l’objet de multiples agressions, le plus souvent impunies. «Alors qu’habituellement, les quelques violations des droits des journalistes étaient à ranger dans la rubrique d’incidents à l’occasion notamment de déploiement de Forces de l’ordre, aujourd’hui les médias sont victimes d’un système de guérilla à la sève fasciste : on va chercher à leur faire peur ou à les faire taire», dénonce M. Kassé. «Les jeunes reporters sont marginalisés, leurs conditions de travail sont des plus précaires. La convention collective n’est toujours pas appliquée et ils ne bénéficient d’aucune couverture ni sanitaire ni sociale», souligne M. Kassé. «Ils sont laissés à eux-mêmes par une grande partie du patronat de presse, plus délinquant à col blanc qu’entrepreneur engagé dans un secteur sacerdotal», ajoute-t-il, sans oublier les chargés de communication, y compris ceux qui travaillent pour le gouvernement et les correspondants régionaux des médias qui partagent tous le même sort. «Ils sont exploités pour, à la fin d’une carrière très laborieuse, être jetés aux oubliettes», a souligné Bamba Kassé.
«Prédateurs et maîtres chanteurs» font la loi
En parlant ainsi à l’occasion de la cérémonie de remise des cahiers de doléances au chef de l’Etat, Bamba Kassé dit se rendre compte que «la qualité des productions journalistiques est de plus en plus basse, le travail est bâclé et de très bas niveau, et les populations plus exposées à des faits de propagandes politiques qu’à des informations et programmes utiles». Le secrétaire général du Synpics rappelle à Macky Sall que dans le secteur médiatique subsiste aujourd’hui «des prédateurs, maîtres chanteurs qui se vendent au plus offrant ou au plus promettant, qui sont dans une logique de lobby et de positionnement, qui font dans la météo politique et se promettent un lendemain de membre d’un régime politique». D’après lui, pour ce faire, «ces bandits jouent sur l’absence d’une vraie régulation et se réfugient derrière la grande vague de la connectivité qui caractérise le monde d’aujourd’hui». Bamba Kassé s’est réjoui des quelques améliorations notées, concernant notamment la gestion de la Maison de la presse et la mutation institutionnelle de l’Agence de presse sénégalaise.
Stagiaire