La Stratégie nationale de développement de la riziculture (Sndr), mise en œuvre pour la période 2020-2030, doit prendre en compte la digitalisation, les techniques de prévision, l’impact du climat et la reconstitution du capital semencier, a recommandé, hier, le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage aux experts chargés de sa révision. «Au Sénégal, nous devons être plus ambitieux et redoubler d’efforts. La réussite de cette révision dépendra de notre capacité collective à mobiliser les connaissances et les données, à introduire la digitalisation et les techniques de prévision, à prendre en compte l’impact du climat et à reconstruire le capital semencier avec des semences climato-intelligentes», a suggéré Mabouba Diagne, cité par l’Aps. Il prenait part à un atelier consacré à la révision de la Sndr 2020-2030.
La Stratégie nationale de développement de la riziculture est un document «essentiel», dans lequel sont identifiés les besoins de toute la filière riz, selon M. Diagne. La Sndr planifie aussi la production rizicole entre 2020 et 2030, a-t-il dit. «La présente stratégie […] doit immanquablement faire l’objet d’une révision à mi-parcours pour mieux prendre en compte les préoccupations de l’heure», a-t-il soutenu devant les experts chargés de sa révision.

L’implication du secteur privé est nécessaire
Mabouba Digane a demandé aux experts prenant part à l’atelier d’intégrer l’industrialisation et la commercialisation dans leur stratégie. A son avis, il est nécessaire que les producteurs de riz soient impliqués dans l’attribution des Déclarations préalables d’importation de produits alimentaires (Dipa). «Si les producteurs ne sont pas autour de la table où on distribue les Dipa, je demeure convaincu que les intérêts des agriculteurs ne seront pas pris en compte à leur juste valeur», a-t-il prévenu.
La formation des agriculteurs, le financement et la mécanisation de l’agriculture, l’assurance agricole et l’implication du secteur privé sont des dimensions importantes de la Sndr, a signalé Mabouba Diagne. Les pouvoirs publics ne doivent plus se contenter d’acheter des machines agricoles et de les distribuer aux coopératives, a-t-il ajouté, estimant que l’implication du secteur privé est nécessaire. Certains pays dont le Ghana, le Kenya et le Nigeria, impliquent leur secteur privé dans leur politique agricole, a affirmé le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, saluant cette démarche. A son avis, elle doit être adoptée au Sénégal pour la réussite de la Sndr.
M. Diagne souhaite que la révision puisse permettre à la Sndr de rendre la filière riz attractive. «Nous étions ici l’année dernière pour élaborer la Sndr 2. Après les discussions, on s’est rendu compte que les orientations politiques du ministère de l’Agriculture n’ont pas été bien prises en compte dans la version actuelle», a relevé Ibrahima Sall, un représentant de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique. «Il faut tout faire pour intégrer la nouvelle vision», a ensuite recommandé M. Sall, estimant que le Sénégal continue de jouer un rôle de premier plan en matière de production de riz en Afrique. «Nous vous félicitons pour les avancées importantes que nous avons notées […] au Sénégal», a-t-il dit en s’adressant au ministre et aux experts chargés de la révision de la Sndr.

Mobiliser toutes les ressources disponibles 
Ibrahima Sall souhaite que tous les pays d’Afrique subsaharienne puissent atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici 2030, un objectif que la filière riz devrait beaucoup aider à atteindre. «Nous allons mobiliser toutes les ressources disponibles pour que le riz sénégalais soit plus compétitif par rapport au riz importé, en améliorant la productivité du riz irrigué et en renforçant les compétences des acteurs de la filière», a promis Muraoka Takayuki, le premier adjoint du représentant au Sénégal de l’Agence japonaise de coopération internationale, une institution partenaire de la politique agricole sénégalaise. La Sndr, un «catalyseur» des investissements nécessaires à la culture du riz, permettra de «réduire considérablement l’écart» qui existe entre la production nationale et les besoins du Sénégal, selon M. Takayuki.