La tension ne redescend pas après la condamnation de Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour «corruption de la jeunesse». A Castor com­me ailleurs dans Dakar, des foules se sont défoulées. Com­me en mars 2021, les jeunes ont encore investi la rue pour manifester leur mécontentement. Ils ont brûlé des pneus, vandalisé des biens publics.

De Castor à Sicap Bourguiba, en passant par Hlm 5 et même Grand Yoff, difficile de traverser un axe sans tomber sur un dispositif des Forces de sécurité qui ne tolèrent aucun rassemblement. De temps en temps, la circulation se rétablit, mais de manière très fluide. La fumée noire et les lacrymogènes plongent parfois les rues dans une obscurité poisseuse et irrespirable. Un véritable chaos.
Un peu plus loin, vers Dieupeul-Derklé, de petits groupes de jeunes armés de pierres tentent de s’approcher des deux stations Total de Castor et des locaux de la Senelec. Les Forces de l’ordre répliquent avec des tirs de gaz lacrymogènes. La peur se lit sur tous les visages. Au milieu de la circulation, de jeunes gens, pour la plupart âgés entre 10 et 20 ans, jouent au chat et à la souris avec les policiers. Comme saisie de folie, la foule renverse des poubelles, lançant des piques aux passants : «Rejoignez-nous, ne nous regardez pas.»

Régulièrement, ces jeunes révoltés crient aussi des «Macky dégage». Très menaçants, ils ont contraint certains automobilistes à abandonner momentanément la route. Les traces de flammes et de pierres témoignent de leur furie. Ici, sur les trottoirs, les passants craignent de rencontrer des manifestants. Certains investissent les ruelles et abandonnent la route principale.
Par Ousmane SOW