Après avoir été révoqué de ses fonctions de maire de Dakar, Khalifa Sall a été radié de l’Assemblée nationale. Le ministre de la Justice estime que c’est une «simple» application de l’article 61 de la Constitution.

Il ne lui restait qu’un seul mandat : celui de député. Khalifa Sall, qui a été révoqué à la mairie de Dakar et remplacé par Soham Wardini, a perdu, jeudi, sa fonction de parlementaire, suite à une procédure du bureau de l’Assemblée nationale. Et lors d’un colloque international sur le «Droit des activités pétrolières et gazières» hier, Ismaïla Madior Fall a justifié cette décision par une «simple application de la loi». «C’est l’article 61 de la Constitution qui prévoit que le député, qui fait l’objet d’une condamnation définitive, est radié de la liste de députés à la demande du ministre de la Justice. On ne peut pas nous reprocher d’appliquer la Constitution. Les avocats parlent, les journalistes parlent, les professeurs parlent, la société civile parle, mais après tout, c’est le bon du juge qui est important», a expliqué le garde des Sceaux. La Constitution, en son article 61 dispose : «Le membre ‘’de l’Assemblée nationale’’ qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice.» Il faut dire que la décision du Conseil constitutionnel, considérant la condamnation de l’ex-maire de Dakar définitive et, par conséquent, rendant la candidature de celui-ci irrecevable, a dicté cette décision.

Groupe Bby : «Le bureau de l’Assemblée s’est conformé aux lois en vigueur»
Le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar estime que le bureau de l’Assemblée nationale «s’est conformé aux lois et règlements en vigueur dans notre pays, en procédant à la radiation d’un député condamné en appel pour des faits aussi graves que l’escroquerie sur des deniers publics, faux et usage de faux en écriture de commerce, faux et usage de faux dans des documents administratifs». Dans un communiqué, Aymérou Gningue et ses camarades considèrent que «ceux qui s’agitent n’ont engagé jusque-là que des batailles de procédure, s’interdisant volontairement d’évoquer le fond de l’affaire, dont la constance est un cumul de délits avérés et indiscutables».

Cheikh Guèye : «C’est inélégant, discourtois, irrespectueux»
La coalition Taxawu senegaal, elle, dénonce cette décision. En marge de la signature d’une convention entre 123 maires et le ministre de la Gouvernance territoriale, du développement et de l’aménagement du territoire dans le cadre du Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal, Cheikh Guèye a réagi à la radiation de Khalifa Sall. «Cette décision est inopportune parce que Khalifa est toujours en procédure et la condamnation n’est pas définitive. L’élégance aurait aimé quand même qu’on attende jusqu’à la fin de la procédure et qu’on voit un dispositif digne d’un Sénégalais pour prendre une telle décision. Mais à 24 heures de la décision du Conseil constitutionnel, sortir une telle décision me semble lâche. J’ai comme l’impression que ces gens-là ont peur de l’ombre même de Khalifa Sall. Khalifa est un Sénégalais bon teint. Il a été élu député. Il a été maire, ministre dans ce pays. Pourquoi ce harcèlement ? Pourquoi cette course de vitesse contre cet homme ? Ça ne nous ressemble pas. C’est inélégant, discourtois, irrespectueux. C’est de la lâcheté», a dit le maire de Dieupeul.
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