En empêchant leurs collègues, qui ne sont pas en grève, de dérouler leurs enseignements, les membres de la section Saes/Cesti violent les franchises universitaires. C’est l’avis du Sudes/Enseigne­ment supérieur, qui informe avoir saisi le recteur de l’Ucad pour lui «rappeler son obligation de ne pas laisser prospérer le terrorisme syndical au sein de l’université». Alors que le Saes dénonce une «gestion autoritaire de Cousson Traoré Sall» et exige la convocation du Conseil d’établissement après avoir décrété un mot d’ordre de débrayage de 72 h renouvelables.

La grève de la section Saes du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) est en train de se transformer en une bataille entre syndicats. Le Sudes/Esr dénonce dans un communiqué l’attitude des «enseignants grévistes» de cet établissement. Selon le Secrétaire général du Sudes/ Esr, les enseignants du Cesti affiliés au Saes sont en train de violer les franchises universitaires en empêchant leurs autres collègues de l’établissement de faire cours. «Si le droit de grève est consacré par la loi sénégalaise, il n’autorise nullement les personnels qui en usent à obliger par la force des collègues qui veulent dispenser leurs enseignements à ne pas le faire. C’est malheureusement ce qui est arrivé cette semaine au Cesti où certains enseignants grévistes se sont opposés par la force à ce que d’autres collègues non concernés par leur grève dispensent librement leurs enseignements», a-t-il dénoncé dans un communiqué. Le Sudes/Esr trouve «inadmissibles de tels agissements qui violent clairement les franchises universitaires et sont inédits dans l’espace universitaire sénégalais». Le syndicat informe avoir déjà saisi par courrier le recteur de l’Ucad pour l’avertir de cette situation «et lui rappeler son obligation de ne pas laisser prospérer le terrorisme syndical au sein de l’université».

«Attaques sexistes totalement inadmissibles»
Toutefois, le Sudes/Esr fustige «l’inaction du recteur Ibrahima Thioub». D’après les syndicalistes, cette attitude du recteur «est donc la preuve d’une complicité objective face au harcèlement dont Mme la directrice du Cesti est victime depuis un certain temps déjà au sein de l’Institution qu’elle préside». Le Secrétaire général du Sudes/Esr va même plus loin en soutenant que Mme Cousson Traoré, directrice du Cesti, serait même victime depuis plus d’un mois «d’attaques sexistes totalement inadmissibles». Joint par téléphone, Oumar Dia soutient que la directrice du Cesti est prise en otage par un groupe et fait face à une discrimination vu qu’elle est la seule femme Chef d’établissement à l’Ucad. D’après lui, c’est la raison pour laquelle elle est combattue sans que le recteur de l’université n’intervienne pour mettre fin à ces «attaques». Tout en apportant son soutien à la directrice du Cesti, le Sudes/Esr rappelle au «recteur Ibrahima Thioub qu’il est le garant des franchises universitaires et qu’à ce titre, il a la responsabilité d’assurer l’intégrité physique des enseignants qui veulent continuer à dispenser leurs cours». De même, les syndicalistes du Sudes/Esr condamnent «fermement l’attitude irresponsable et illégale des collègues qui cherchent à imposer une grève impopulaire par la terreur» et appellent «ses militants au Cesti mais également tous les enseignants qui ne se reconnaissent pas dans ce mouvement puéril et aux motivations inavouées à continuer à enseigner sans se laisser intimider. Le syndicat appelle également «les étudiants du Cesti à continuer à assister aux enseignements».

Le Saes/Cesti décrète 72h de débrayage et exige la convocation immédiate du conseil d’établissement
Le mouvement d’humeur de la section Saes/Cesti ne faiblit pas. La section, qui s’est réunie en Assemblée générale hier, a décrété «un mot d’ordre de débrayage de 72h renouvelables» après avoir constaté le refus de la directrice du Cesti de signer le protocole d’accord, entérinant les engagements pris, en présence des médiateurs de l’Ucad, lors des négociations du 26 février 2019. Dans son communiqué, la section Saes du Cesti dénonce «une crise de confiance, sans précédent» qui règne au Cesti. «La section Saes/Cesti estime que le contrat moral et humain est rompu par les actes irresponsables de la directrice», a-t-on fustigé dans le document. Les membres de ce syndicat dénoncent aussi «la cécité administrative et la gestion autoritaire de Cousson Traoré Sall» qui, selon eux, portent préjudice au Cesti. Ils l’accusent de prendre en otage l’institution et de la fragiliser. Face à cette impasse, les syndicalistes demandent au recteur de l’Ucad de prendre ses responsabilités. Ils demandent la convocation immédiate du conseil d’établissement pour parler de la situation au Cesti.
Le mouvement d’humeur des enseignants de la section Saes du Cesti a commencé lors de l’annulation de la cérémonie de distribution de gilets offerts par l’ambassade des Etats-Unis aux journalistes pour l’élection présidentielle de février dernier. Le Saes-Cesti avait dénoncé l’attitude de la direction qui avait autorisé le Synpics d’organiser la même cérémonie dans l’établissement. La médiation avait débouché sur la suspension du mot d’ordre. C’est la semaine dernière que les syndicalistes ont déterré la hache de guerre après avoir constaté le «non-respect des engagements» pris lors des négociations.

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