Ce Forum de Youtou s’inscrit dans le cadre des activités du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), des rencontres avec les populations et dans le cadre de la recherche de la paix. C’est pourquoi, en marge de ces assises organisées à la place publique du village, le ministre d’Etat Robert Sagna est revenu de long en large sur le processus de paix en cours notamment sur le volonté du Mfdc de déposer les armes et s’inscrire dans la dynamique de paix !

Le Mfdc s’engage à déposer les armes et d’aller à la paix
«Mais avant de venir ici nous avons été appelés à deux reprises pour des rencontres en Guinée-Bissau par le Mfdc. Et les membres de ce mouvement nous ont déclaré leur volonté d’aller véritablement à la paix, au cessez-le-feu, au dépôt des armes. Et ils ont demandé au Grpc de les aider à pouvoir s’organiser pour aller à des négociations sérieuses ; et en retour ils s’engageaient eux au cessez-le-feu et au processus de négociations pour aller à la paix. C’est cela qui a motivé également notre choix pour venir parler avec les populations du Sud et c’est pourquoi cette rencontre est importante ; elle a contribué à un dialogue fructueux. Et ce que je note, c’est l’engagement des uns et des autres à aller vers la paix. Et cela est encourageant et nous allons poursuivre ce processus.»

Les combattants du front nord ont respecté leurs
engagements
«Déjà le résultat est là car au niveau du front nord, les combattants ont respecté leurs engagements. On ne voit plus de coupures de route, on ne voit plus de braquages, ni d’attaques. Ce qui veut dire l’engagement qu’ils ont pris a été respecté. Ce que vous aurez noté c’est aussi l’impact des engagements de la population dans ce processus de paix. Un engagement qui met l’accent sur le développement. Presque partout ce sont des doléances qui touchent les infrastructures, ce sont des revendications sociales, santé, éducation, adduction d’eau, forages et également pistes de production. C’est donc dire que cet engagement pour le développement montre que ces populations ont pris conscience d’un retard que la Casamance a accusé depuis 37 ans.»

Dans le Sud, il est temps également d’aller vers la paix
«Ici également à Youtou dans le Sud, c’est pareil ; car une des exigences fondamentales des populations c’est la route qui part d’Oukout pour arriver à Youtou en passant par Emaye, le Parc national de Basse-Casamance et Effock. C’est une revendication très forte et cela prouve les préoccupations de développement y compris l’adduction d’eau. Et au-delà de la recherche de la paix elles sont importantes ; et cela est un problème. Nous ce que nous avons constaté c’est que l’impact de notre démarche est renforcé par la décision que les populations ont aujourd’hui prise pour aller à la paix. Et c’est cela qui a renforcé la conviction qu’il est temps que nous allions vers la paix.»

La surprise : l’engagement du Mfdc au processus
de paix
«Et le 28 février c’était la surprise générale quand le Mfdc nous a convoqués pour nous annoncer cette décision qu’ils ont aujourd’hui prise et qui est de s’engager vers le processus de paix tout en sollicitant notre appui. Et cela, le Président Macky Sall est informé et il a pris la décision de renforcer l’engagement du gouvernement pour pouvoir aller rapidement vers cette paix. Il a beaucoup insisté pour que les efforts se poursuivent pour qu’on aille à la paix car il est temps que la paix vienne en Casamance pour que nous puissions engager son développement économique et social.»

Macky et son gouvernement s’engagent à accompagner l’insertion de populations déplacées
«Le Président a décidé que ceux qui sont décidés à renter au bercail et pour lesquels le processus d’insertion et de réinsertion est engagé, le gouvernement est prêt à les aider à s’insérer ; à savoir ceux qui veulent reconstruire leurs maisons, le gouvernement va prendre les dispositions pour les aider à s’insérer dans leur village. C’est dire que le gouvernement est tout à fait ouvert, mais il faut que le Mfdc le soit.»

Le hic, le Mfdc a un problème de leadership
«Il faut noter que le Mfdc a quand même un probléme de leadership ; parce que cet engagement à aller vers la paix il faut qu’il soit conduite par une autorité responsable. Mais le constat est que depuis le décès de l’Abbé Diamacoune Senghor il n’y a pas une autorité au sein du Mfdc qui parle au nom de tout le monde. Et donc gérer ce processus est assez difficile parce que nous n’avons pas un seul interlocuteur et c’est ce qui rend les choses lentes et un peu difficiles ; même si l’engagement et la détermination du Président Macky Sall sont là.»

Le déminage de la route
«Dès l’instant que les populations sont engagées pour le processus de paix, elles savent très bien les éléments qui peuvent favoriser le développement puisque c’est parmi leurs revendications ; c’est qu’il faut déminer. Et si nous n’avons pas pu emprunter la route de Santhiaba Manjacque c’est parce que celle-ci n’est pas encore déminée ; nous étions donc obligés de prendre les pirogues pour passer par les bolongs. Mais il est inéluctable que pour conduire véritablement sur cette route il faut qu’elle soit déminée.»

Pas de rapport au président de la République avant la fin de notre mission
«Je n’accorde pas d’importance à ce genre de déclaration (faite par Moussa Cissé du Ccc). Les cadres casamançais sont membres pour une bonne part du Grpc. Mais sachez qu’on rend un rapport définitif quand la mission est terminée ; et comme la mission n’est pas terminée on ne peut pas parler de rendre un rapport au président de la République sur le processus de paix qui est encore en cours. Je ne veux pas épiloguer sur des paroles qui ont été engagées par un individu, c’est peut-être sa conviction à lui, mais nous lui n’accordons pas l’importance que la presse pourrait lui accorder ; et c’est la parole d’un individu qui ne peut pas engager le Collectif des cadres casamançais dans cette déclaration. Et c’est normal que dans toute action qu’il y ait des gens flingueurs comme on dit. Peut-être qu’ils ont des raisons inavouées, mais ce n’est pas cela qui va nous retarder et nous faire reculer.»