Par Woury DIALLO (Envoyé spécial au Cameroun) – Premier maire élu de Bafoussam, le 25 février 2020, après la loi de décembre 2019 sur la décentralisation, Roger Tafam se réjouit de voir sa ville accueillir le Groupe B de la Can, mais aussi quelques matchs des huitièmes de finale.
Chargé d’accueillir et d’assurer la sécurité des différentes délégations dont celle du Sénégal, l’édile de cette ville de la région ouest du Cameroun, se dit heureux des belles rencontres nouées entre frères africains.
Monsieur le maire, qu’est-ce qui a été déterminant dans le choix de Bafoussam pour accueillir l’un des groupes de la Can 2021, à savoir celui du Sénégal ?

Je dois commencer par dire que Bafoussam est la troisième ville du Cameroun. C’est une capitale de la région de l’Ouest, l’un des grands ensembles du Cameroun. Tel que nous voyons les villes qui ont été choisies, je pense bien que le gouvernement a voulu sélectionner des villes qui pouvaient présenter toute la diversité du Cameroun et de l’Afrique. Nous sommes donc ici à Bafoussam avec sa terre rouge. C’est pour cela que vous verrez la cartographique de la poule de Bafoussam, c’est la couleur orangée. Limbé, c’est en bordure de mer, c’est le bleu qui est la couleur de ce site. Garoua, c’est au Nord du Cameroun. Et puis Yaoundé, c’est le vert pour faire référence à la forêt. Donc, je me dis que sur cette base-là, Bafoussam était la meilleure ville qui pouvait représenter les hauts plateaux de l’Ouest.

Est-ce à dire que le paysage a été déterminant dans le choix de votre ville ?
C’est la troisième ville du pays, comme je vous l’ai dit. On ne peut pas faire une fête continentale avec Yaoundé et Douala et on saute la troisième ville. C’est impensable. La fête ne serait pas belle sans Bafoussam (rire).

Comment avez-vous vécu cette phase de Groupe ici à Bafoussam ?
Déjà au lendemain du tirage au sort, nous étions très contents de savoir que le Sénégal avec la Guinée, pour l’Afrique de l’Ouest, ainsi que le Zimbabwe et le Malawi, pour l’Afrique Australe, devaient évoluer à Bafoussam. Nous les avons attendus impatiemment. Nous avons mis les petits plats dans les grands pour les attendre et nous avons vécu intensément toute cette phase de poule avec beaucoup de fierté.

Bafoussam a fini d’accueillir les matchs. Quel est le bilan que vous tirez de l’organisation ?
En ce qui me concerne, en tant que maire de la ville, comme vous savez pu le constater, le stade se trouve à 20 kilomètres du centre-ville. Nous avons mis les bus pour transporter les supporters gratuitement au stade. Nous avons un Fan-zone dans la ville. Donc, pour un premier bilan, nous pensons qu’il est positif, pour ce qui concerne la poule de Bafoussam. Le premier jour au stade, nous avions très peu de spectateurs, mais dès la deuxième journée, nous sommes montés à 7000 spectateurs et le deuxième jour à 11 700 et plus. Je pense qu’on a un premier bilan très positif. Maintenant, la Can, en elle-même, Bafoussam est l’une des premières villes bénéficiaires, notamment avec nos trois beaux stades.

Et sur le plan de la sécurité ?
Il y a une commission qui est en charge de la sécurité qui a commencé à travailler depuis longtemps. Jusqu’à présent, à l’heure où nous parlons, nous n’avons encore enregistré aucun incident. Ni concernant des Camerounais ni concernant les frères des autres pays. Vous en êtes témoins.
Naturellement, les difficultés n’ont pas manqué pour une telle organisation. Elles sont à quel niveau ?
Comme toute œuvre humaine, rien ne peut être parfait. Et puis, la dernière fois que le Cameroun a organisé une Coupe d’Afrique des nations, il y a 50 ans. Et c’était à Douala et Yaoundé. Donc, beaucoup d’acteurs sont à leur première expérience. Naturellement, on ne pouvait ne pas avoir de petits couacs. Avant la première journée, on n’avait pas anticipé sur le fait que les supporters pouvaient avoir des difficultés pour se rendre au stade. Ça a été corrigé dès le deuxième jour. Et puis, il a fallu former des stadiers, des hôtesses… On n’était pas sûr, dès le début que toutes ces personnes pouvaient donner le meilleur d’elles-mêmes. Mais au fur à mesure que les journées de matchs se déroulaient, on essayait de corriger les imperfections.

On a constaté qu’il n’y avait pas beaucoup de Sénégalais à Bafoussam, contrairement à Yaoundé ou Douala. Cela est dû à quoi ?
Peut-être que vos compatriotes ne connaissaient pas beaucoup la ville de Bafoussam. A Douala ils sont tellement nombreux. D’ailleurs mon tailleur préféré, c’est un Sénégalais (rire). Pour cette Can, on a renversé la tendance en recevant beaucoup de Sénégalais. D’ailleurs, j’ai reçu beaucoup de mes collègues maires africains avec qui je compte nouer un partenariat.

wdiallo@lequotidien.sn