Pour lancer une réflexion sur les questions du respect des droits de l’Homme et ouvrir une perspective sur la souveraineté de l’industrie culturelle en Afrique, dans le processus du changement social, l’Institut Panos Afrique de l’Ouest rassemble depuis hier à Saly les organisations de la société civile, les artistes et les médias (traditionnels et nouveaux) pour échanger et partager des expériences afin de contribuer à la promotion d’une information citoyenne sur les droits de l’Homme. Le rôle joué, entre autres, par Y’en a marre, M23, le Balai Citoyen a été mis en vedette pour lancer les discussions.
L’Institut Panos pour l’Afrique de l’Ouest a mis en œuvre au Mali, au Niger, en Tunisie et au Sénégal, le projet «Acteurs culturels et acteurs médiatiques en Afrique : Moteur !». Ce projet, lancé en 2014 et financé par l’Union européenne vise à encourager, au Nord et au Sud du Sahara, les expressions culturelles diffusées par les médias pour la défense des droits de l’Homme, la promotion et l’ancrage de la diversité ainsi que la consolidation de la démocratie. Selon Diana Senghor, la directrice de l’Institut Panos pour l’Afrique de l’Ouest, qui introduisait ce séminaire qui se tient actuellement à Saly, ce projet «a fait collaborer différents acteurs culturels (médias, artistes) et Osc qui défendent ces valeurs de diversité et les droits de l’Homme». Ce projet, a–t-elle expliqué, a été exécuté dans un contexte où «les pays ciblés laissaient transparaître une situation critique en matière de démocratie, un non-respect des droits de l’Homme et de la diversité, une précarité des institutions, dans une atmosphère de corruption généralisée». Mme Senghor précise qu’après ces diverses expériences, l’objectif de la rencontre de Saly est de «valoriser les résultats des nouvelles expériences entamées dans le cadre de ce projet et de pousser la réflexion collective sur la collaboration entre les organisations des Droits humains, les artistes et les acteurs émergents de la production et de l’information (blogueurs et web activistes)».
En réalité, il s’agit pour ces acteurs de profiter de cette rencontre pour : apprécier les résultats atteints par le projet à travers des échanges d’expériences, susciter l’intérêt pour les organisations de droits de l’Homme et les artistes à utiliser davantage les médias sociaux afin d’intensifier leurs campagnes, et à les rendre plus efficaces. Plusieurs expériences ont été mises en exergue : le cas du Sénégal avec Y’en a Marre, le M23 et les blogueurs qui ont contribué à l’alternance au pouvoir dans le pays en 2012. Il y a également le Balai citoyen au Burkina Faso qui a été également déterminant dans les changements politiques intervenus au Burkina en 2014. C’est aussi le cas de «Drame Plateau» en Côte d’Ivoire, une initiative portée par deux blogueurs ivoiriens en 2013… «Nous allons réfléchir à des passerelles entre les blogueurs et web activistes pour développer des formats percutants destinés à la promotion des informations culturelles et à la promotion des droits de l’Homme», a insisté la directrice de l’Institut Panos. Son organisation souhaite ainsi «amener les activistes traditionnels des organisations des droits de l’Homme et les nouvelles activités que sont les blogueurs, à mettre en place des cadres communs de collaboration en favorisant des stratégies d’ensemble pour sensibiliser, mobiliser sur les questions de droits de l’homme».
Vers une réflexion plurielle
Pour parvenir à leurs objectifs, plusieurs sessions se succèderont durant trois jours : «La collaboration médias et organisations des droits de l’Homme, quelles nouvelles pistes ?», «La place des nouvelles formes d’expression culturelle dans les médias (traditionnels et nouveau», «La souveraineté culturelle de l’Afrique dans le processus de changement social et les valeurs communes autour de la recherche de la paix et de la tolérance», «Les opportunités de nouveaux outils dans la collaboration entre les web activistes, les Osc des droits de l’Homme et les artistes», «Fédérer les artistes, les défenseurs et les médias autour de la culture pour la promotion des droits de l’Homme : quels modèles ?».
Même si le projet déroulé par l’Institut Panos concerne 4 pays, ce sont au total 11 pays qui participent aux travaux de Saly, afin que les bonnes pratiques partagées soient démultipliées.