Lors de la clôture hier de la 4ème édition du Gingembre littéraire, il a été mis en exergue la responsabilité des médias dans l’approfondissement de la cohésion sociale.Par Alioune Badara NDIAYE –

Les rideaux sont tombés sur l’édition 2022 du Gingembre littéraire, ouverte le 1er décembre à la Place du Souvenir africain en présence de nombreuses personnalités. Pour la clôture de ce rendez-vous ancré désormais dans l’agenda culturel national, le Centre culturel Maurice Guèye de Rufisque a accueilli la restitution des travaux ayant porté sur le thème : «Média et cohésion sociale.» «Nous avons fait la synthèse des travaux, nous avons eu six panels que nous avons déroulé depuis le 1er décembre à la Place du Souvenir, mais aussi à l’Ejicom, et enfin le 3 décembre à l’université Gaston Berger. Les intellectuels africains, hommes et femmes, ont débattu sur la question cruciale et plus qu’actuelle, à savoir média et cohésion sociale», a expliqué El Hadj Gorgui Wade Ndoye, initiateur de l’événement. Il a fait savoir que des journalistes en provenance du Rwanda et de la Côte d’Ivoire, deux pays ayant vécu des mésaventures sociales avec implication manifeste de journalistes, ont pris part à cette édition. «Historiquement nous avons des exemples», a-t-il émis en allusion aux invités. A travers ce thème, il s’agissait, à en croire M. Ndoye, de porter un regard plus large sur le journalisme dans ce contexte particulier, avec notamment les réseaux sociaux, pour en faire un instrument viable pour pérenniser la cohésion sociale dans le pays. «Le numérique a changé notre regard sur le monde, a changé le regard entre nous-mêmes et en même temps met de la pression sur les médias traditionnels. Aujourd’hui quelle est la place du journalisme ? Est-ce que tout porteur de message ou d’information est journaliste ? Pour nous c’est non», a-t-il expliqué, assurant qu’il faut faire le distinguo entre diffuseur de message et journaliste. «Le journaliste c’est l’éthique», a-t-il insisté, notant dans la lancée que la liberté d’expression ne doit pas pour autant être un passe-droit pour les professionnels des médias. «Il ne peut y avoir de liberté absolue, à côté nous devons mettre la responsabilité», a soutenu le journaliste accrédité auprès des Nations unies. Liberté, responsabilité et éducation aux médias. Voilà ce que prône ainsi M. Ndoye pour des médias qui participent à raffermir la cohésion sociale. Prenant en exemple l’exploitation prochaine pour le pays de ressources gazières et pétrolières, le directeur du site Continent premier en appelle à une réadaptation de la législation régissant le métier de journalisme, mais aussi le recours à la transparence chez les autorités. «Si les journalistes ne sont pas assez outillés, si le gouvernement du Sénégal ne dépoussière pas par exemple la législation pour pouvoir mieux encadrer la presse et aussi lui permettre d’avoir accès à l’information, ça va poser problème», a-t-il insisté, notant qu’il en sera de même si le gouvernement ne fait pas preuve de transparence dans cette gestion. «Nous voulons jouer notre rôle dans la cohésion sociale, mais on ne peut pas demander aux journalistes d’être des hypocrites. Si le gouvernement ne joue pas pleinement avec transparence son devoir, on a malheureusement tendance à avoir des journalistes qui prêchent le faux pour avoir le vrai (…) ça ce n’est pas la dignité du journaliste», a mis Ndoye en exergue. Prenant le contre-pied de ceux qui considèrent le Sénégal comme une dictature, l’initiateur du Gingembre littéraire a pour autant regretté l’emprisonnement de Pape Alé Niang.   «Au 21ème siècle, enfermer un journaliste, c’est un recul démocratique. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut reprendre les exagérations des uns et des autres pour dire que le Sénégal est une dictature», a-t-il posé. Ces précisions faites, Ndoye s’est projeté sur la 5ème édition qui va porter sur le thème : «Quelle gestion foncière et des ressources minières pour un développement durable et inclusif ?» Rendez-vous est donc calé pour 2023.
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