Abdoul Mbaye n’a pas tardé à réagir sur les perspectives dégagées mardi pour la campagne agricole 2018-2019, jugée très bonne par la mission conjointe. Des chiffres qui, selon lui, ne sont que pure invention. «Cela fait trois ans qu’ils nous racontent des histoires sur le volume de production, mais ils ont besoin de cela pour alimenter le taux de croissance qu’ils veulent porter coûte que coûte au-delà de 7%», a fait savoir l’ancien Premier ministre qui était à Rufisque mercredi pour remobiliser ses partisans. «Avant-hier, on était dans le Djolof et là-bas les productions sont catastrophiques. Mais vous allez les entendre dire que tout va très bien. Personnellement, je ne vois pas les populations le dire ou le vivre», a-t-il enchaîné. Le candidat déclaré à la Présidentielle de poursuivre : «J’ai animé une conférence à Paris lors de laquelle j’ai eu à attirer l’attention sur des mensonges statistiques consistant à présenter le Sénégal comme un pays économiquement viable.» Pour le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), il urge de changer la manière de faire la politique parce que «le Sénégal a souffert et continue de souffrir». M. Mbaye a, de façon générale, une  autre lecture des statistiques du gouvernement. «La vérité finira toujours par éclater. Nous avons dénoncé cette frénésie des grands projets dans lesquels est engagé notre gouvernement. Nous craignons que cela ne provoque l’éviction du secteur privé national dès lors que vous faites des projets de cette envergure et que vous vous endettez à l’extérieur», a-t-il alerté.
Abdoul Mbaye est justement longuement revenu sur l’endettement du Sénégal. «Vous privilégiez le service de la dette. Vous avez ensuite des problèmes de ressources internes et vous avez des problèmes pour payer les entreprises qui travaillent au niveau local. Donc, vous ne pouvez pas boucler votre budget. Le Fmi l’a souligné d’ailleurs : vous êtes obligés d’augmenter des taxes. Vous avez dû entendre la nouvelle taxe sur l’électricité que vont payer les entreprises. Tout cela nous entraîne dans un cercle vicieux qui va détruire notre économie nationale. Et nous sommes malheureusement dans ce processus», a-t-il dit. Avant d’en déduire que la situation nationale «n’est pas bonne».
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