Diorga Montagne est en phase de perdre un pan important de son territoire. Ce quartier, situé dans la commune de Rufisque-Nord, a été réveillé, mardi, par le déploiement d’éléments de la gendarmerie, appuyant un huissier venu remettre à des propriétaires de maison des sommations de déguerpissement avec effet immédiat.

Impuissants devant l’imposant dispositif, des propriétaires ont commencé à plier bagage, et les quelques récalcitrants ont vite été embarqués dans les véhicules de la gendarmerie déployés pour l’occasion. A midi déjà, meubles, téléviseurs et autres accessoires jonchaient à plusieurs endroits les ruelles sablonneuses du quartier situé à proximité de la sortie 10 de l’autoroute à péage. Il aura fallu l’intervention des autorités, avec l’arrivée sur les lieux du maire de la commune, pour stopper l’opération. Des concertations à pied levé entre les hommes de la Dscos, le maire Assane Kassé et les responsables du quartier, et quelques coups de fil çà et là ont conduit à une suspension provisoire de l’opération. «C’est une vingtaine de maisons. L’option qui a été retenue avec le Préfet, qui a su décanter la situation, c’est de suspendre et de retourner à la table de discussion», a dit, soulagé, le maire Kassé, révélant que ce dossier demeure «une patate chaude» entre ses mains depuis son arrivée à la tête de la mairie.

La meilleure option pour le règlement de ce différend est de trouver le juste milieu, en tenant compte des intérêts des deux parties. «Permettre aux populations de rester dans leur maison, mais à côté, voir dans quelle mesure on peut accompagner le propriétaire», a théorisé M. Kassé. «Pour ce genre de problème, la réflexion devrait être portée à fond. Je suis d’accord qu’il est le propriétaire, ce qui lui permet de demander à disposer de son droit, mais je lance un appel à socialiser cette situation», a insisté le maire de Rufisque-Nord, exhortant à une issue heureuse pour ce différend. Le propriétaire, qui a un projet immobilier sur le site en question, a vu une partie être viabilisée. Pour un habitant du quartier dont la maison est incluse dans la partie faisant l’objet du différend, la société immobilière a empiété sur les terres. «Ils ont 6 hectares et cette surface s’arrête bien avant nos maisons. Nous habitons ici avant même qu’ils ne l’aient achetée, et là ils veulent nous imposer la force», a-t-il expliqué au député Saliou Ndione, venu s’enquérir de la situation. «Ils parlent d’une vingtaine de maisons, mais ce qui est concerné, c’est plus d’une cinquantaine», a-t-il soutenu. Cette séquence fermée, meubles et autres ont rejoint les maisons des propriétaires, désormais suspendus à l’issue des concertations qui devront définir le futur de la zone.
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