Des experts des questions électorales et de gouvernance territoriale ont animé mercredi, au Centre culturel Maurice Guèye de Rufisque, une rencontre citoyenne sur la gouvernance locale, à l’initiative de la Fon­dation Sococim. L’objectif de la ren­contre, d’après Patricia Diagne, administratrice de la fon­dation, était de mettre en interaction des experts sur ces questions et un public composé d’acteurs civils et politiques, ainsi que des élèves, pour discuter des enjeux de l’heure, à sa­voir le contexte d’élections locales.
Les élections sont d’habitude source de violence et la campagne pour les Locales en cours, a encore fait resurgir des vieux démons, avec des affrontements enregistrés déjà dans plusieurs zones du pays.  «L’élec­tion tue dans notre pays et ce n’est pas normal», a déploré lors de son exposé, l’expert en Science politiques, Ibrahima Sylla, de l’université Gaston Berger. D’où l’importance pour lui, de dépassionner les débats pour s’attaquer aux véritables enjeux qui selon lui, sont la paix, l’offre que doivent proposer les candidats, et la Justice. «L’académie rencontre les citoyens dans le cadre d’une démarche participative et très inclusive (…) Nous avons beaucoup parlé des règles du jeu politique, du processus électoral, des modalités de l’arbitre, qui est d’une part l’Administration, qui est capable de garantir la neutralité et la sincérité du scrutin, et d’autre part, l’organe de gestion des élections comme la Cena», a relevé le coordonnateur des rencontres citoyennes, Pr Ousmane Khouma, à la fin de la rencontre.
«Nous avons balayé tous ces enjeux mais aussi le rôle des médias dans la prévention des conflits électoraux, parce que l’effet amplificateur que les médias jouent, est indéniable», a-t-il poursuivi dans sa synthèse des points saillants de la rencontre. Développant une communication sur le «rôle des médias dans la prévention des conflits électoraux», Jacque­line Fatima Bocoum a appelé les hommes de médias à faire preuve de responsabilité. «A partir du moment où on se sait relais d’opinion, il y a un encadrement qu’on doit faire à notre propre niveau. Je parle surtout des journalistes qui sont sur le terrain de la matière électorale. Ils ont une grande responsabilité dans ce qu’il y a à dire ou à ne pas relayer. Et surtout une équité dans le traitement de l’information pour tous les partis et pour tous les leaders», a-t-elle averti, non sans récuser les dérives amplifiées par les réseaux sociaux, qui permettent aujourd’hui à chacun d’informer. «Ce sont des périodes de grande sensibilité, de grande surchauffe émotionnelle, où les gens se laissent un peu aller à des prises de positios qui peuvent être un peu extrémistes. Je crois que le journaliste n’est pas là pour amplifier ce qui peut blesser une démocratie ou ce qui peut déconstruire une société», a-t-elle noté, revenant sur le contexte. «Les médias constituent des moyens puissants de neutralisation de violence», a encore insisté Mme Bocoum.
L’expert en matière électorale, Ndiaga Sylla, est pour sa part revenu en large sur le processus électoral et notamment sur les modalités de gestion des contentieux électoraux. «La rencontre nous a permis d’apprendre beaucoup de choses, qui nous permettront de mieux orienter nos actions de terrain», s’est réjoui Souleymane Sèye, un activiste ayant pris part à la rencontre.
Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant) – abndiaye@lequotidien.sn