RUFISQUE – Séparation à l’amiable : Une cinquantaine d’employés confinés par la Satrec

Une cinquantaine d’employés en confinement forcé. Des employés de la Satrec ont reçu de leur employeur des lettres de séparation à l’amiable. Seul hic, aucune concertation en amont entre eux, et la direction de l’usine qui motive sa décision par un souci de pérenniser l’activité suite à des difficultés de plusieurs ordres.
A la Société africaine de transformation, reconditionnement et de commerce (Satrec), on se confine en se débarrassant d’une cinquantaine d’employés. L’opinion aurait applaudi toutefois si la mesure s’inscrivait dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 qui a imposé des restrictions dans les structures du public comme du privé. Rien de tel puisque la mesure serait officiellement liée à un besoin de survie de l’entreprise, obligée de décongestionner son effectif pour ne pas disparaître purement et simplement. La mesure pourrait vraisemblablement prendre effet à partir de mercredi. «Notre entreprise est confrontée depuis quelques années à des difficultés de plusieurs ordres qui, si elles ne sont pas surmontées rapidement, peuvent remettre en cause la pérennité de notre outil de travail», a alerté à ce propos la note intitulée «Proposition de séparation amiable», remise individuellement à la cinquantaine d’employés le 23 mars. Consigne est alors donnée dans la note à chacun des concernés de se rapprocher de sa direction respective pour «la signature de protocole d’accord de rupture à l’amiable de contrat». «Des difficultés» que bat toutefois en brèche un employé concerné par la mesure. Selon ce monsieur en poste depuis 2008, c’est l’idée agitée depuis quelques mois d’une élection de délégués qui motive l’acte de la direction. «Ils veulent profiter de la situation pour liquider le maximum de personnes. Il n’y a pas d’activités syndicales dans l’usine et on était dans le processus pour l’élection de délégués du personnel. La direction a eu à recevoir des correspondances en ce sens et cela ne lui a pas plu. Et toutes les personnes visées par la mesure sont celles soupçonnées d’avoir participé à la volonté de mettre en place un syndicat», a accusé un agent, évoquant ainsi une cinquantaine d’employés concernés par la mesure. Il a aussi affirmé avoir signé le document, «mais sous réserve». «Ils vous disent que si vous acceptez, ils vous donnent ce qu’ils vous doivent, et si vous n’acceptez pas, allez au Tribunal», a-t-il expliqué. Un autre employé, concerné, ne sait pas la suite à donner après réception de la fameuse note. «On nous a dit à l’amiable et cela suppose donc qu’une discussion va suivre. Demain, j’irai à l’usine en espérant être édifié réellement sur la situation», a-t-il dit, faisant savoir n’avoir pour l’heure reçu aucune proposition. Pour un autre syndicaliste à la Cnts, la mesure de la Satrec s’inscrit en porte-à-faux de la législation sénégalaise en la matière. «Départ à l’amiable veut dire un départ qui serait discuté et accepté des différentes parties, sous la supervision de délégués du personnel. Là, on est en face d’une entreprise qui prend sa décision et l’impose aux employés. Donc ce n’est pas un départ à l’amiable», a-t-il expliqué, considérant la Satrec comme une habituée des faits. «Toute entreprise qui a 11 travailleurs doit élire des délégués. Et l’usine qui en compte plus de cent ne veut pas parler d’élection de délégués du personnel. Cela est en déphasage avec la réglementation», a-t-il noté. D’après lui, le délibéré pour l’élection de délégués à la Satrec devait être prononcé le 26 mars. «C’est avec la fermeture des Tribunaux suite au coronavirus que l’audience a été reportée», a-t-il expliqué, assurant que l’usine a perdu plusieurs procès pour renvoi d’employés «pour fautes lourdes». Pour l’heure, tout ce qu’il demande, c’est que les employés concernés viennent à l’usine avec un huissier pour pouvoir constater, le cas échéant, leur interdiction d’entrer. «C’est muni du constat de l’huissier que nous allons poursuivre le combat contre cette forfaiture auprès des juridictions compétentes», a-t-il assuré. Pour lui, le combat ne fait que commencer. «Je vais ester en justice, quel puisse être le temps que va prendre le dossier», a-t-il ainsi averti.
Nos tentatives de joindre le top-management de la boîte pour prendre sa version n’ont pas abouti. Le téléphone a sonné dans le vide pour certains, alors que Assane Ndiaye, responsable des services et Mme Diallo, chef du personnel, ont décliné suite à notre requête parce que «non habilités à se prononcer sur le sujet» qui risque de prendre une autre tournure.