L’indignation monte au fil des jours à Rufisque. Après le Conseil municipal, les organisations communautaires et d’autres voix autorisées, c’est au tour des employés municipaux d’annoncer leur refus catégorique sur la suppression de la Ville. Mercredi, ils ont investi le jardin public de la vieille ville pour rejeter ce projet qu’ils jugent inopportun.
C’est une annonce qui ne passe pas : Se disant concernés en premier par le projet agité de suppression de la ville, les employés municipaux ont manifesté mercredi leur farouche opposition. Ils ont, à cette occasion, déserté leurs lieux de travail pour le jardin public afin de se faire entendre de l’opinion. «C’est notre avenir commun qui est en jeu. Pour la conservation de notre identité, nous Rufisquois devons nous mobiliser contre la suppression de la ville», a soutenu Adama Sène, porte-parole du jour. «L’urgence est bien ailleurs, car les Sénégalais sont fatigués. Au lieu de travailler à trouver une solution à leurs souffrances, le président (de la République) songe à supprimer la ville. La mairie (ville) est la seule structure à Rufisque qui crée de l’emploi. Les entreprises ne créent pas de l’emploi parce que l’Etat ne les accompagnent pas», s’est-il indigné. Entouré de près d’une centaine de ses collègues et autres représentants d’organisation communautaire, M. Sène s’est voulu clair sur la suite à donner à leur combat. «S’ils ne reculent pas, nous allons passer à la vitesse supérieure. Aujourd’hui, il n’y a pas d’intifada, il n y’a rien, mais on ne peut pas garantir ce climat de sérénité. Ce qui va arriver demain on ne sait pas, mais s’ils maintiennent leur position on n’écarte pas de nous battre. Nous allons tout faire pour maintenir notre ville», a-t-il tonné. «Ce à quoi nous nous attendons, c’est de renforcer la ville et les différentes communes au lieu de nous parler d’une suppression. Nous ne l’accepterons jamais», a-t-il poursuivi. Venu prêter main forte aux protestataires, Amadou Gabin Boye a béni la position de ces derniers. «Une réforme est venue en 1996 pour agresser Rufisque en la subdivisant en communes d’arrondissement. Aujourd’hui encore, on veut nous servir une nouvelle réforme tendant à faire éclater la ville. Nous Rufisquois n’allons jamais accepter cela», a fait comprendre l’ancien employé municipal et syndicaliste à la retraite. «Je fais partie de la coalition Bby du Président Macky Sall, mais je vais combattre cette volonté. On ne refuse pas des réformes, mais il faudrait en discuter pour voir ce qui peut faire avancer la ville», a encore lancé M. Boye. Les protestataires s’en sont aussi pris au député et président du Conseil départemental de Rufisque Souleymane Ndoye. «En tout cas la population n’a pas besoin d’une suppression de la ville. S’il y a des élus qui sont en phase avec le Président Macky Sall, ça les concerne. La population rufisquoise s’est levée pour dire non. Ceux qui cautionnent cela ont même signé leur arrêt de mort politique», a indiqué Adama Sène, interrogé sur la sortie du président du Conseil départemental qui soutenait être en phase avec le chef de l’Etat dans ce projet de suppression des villes.
Il faut noter que la collectivité léboue, avec la présence du Saltigué du Cap Vert El Malick Ngom, a pris part à la manifestation et réitéré son engagement à accompagner toutes les organisations qui s’opposent au projet de suppression de la Ville.