Rumi Solomon : La voix pop mélancolique d’Addis-Abeba

En Ethiopie, où la musique est partout, la majorité des artistes choisissent d’allier musique traditionnelle et sonorités plus modernes. Rumi Solomon, elle, met de côté ces mélodies habituelles pour offrir à son public des chansons soul, r’n’b et indie folk, à l’image de ses idoles Tracy Chapman et Billie Eilish.
L’ambiance est électrique au Social, lieu culturel incontournable du centre d’Addis-Abeba, la capitale de l’Ethiopie. Sur scène, Rumi Solomon, silhouette élégante en bleu nuit et longs cheveux lissés, salue timidement le public venu découvrir son nouveau titre, Ohio State. Cette ballade mélancolique raconte une histoire d’amour à distance et reflète bien l’univers musical de la jeune artiste, entre pop et émotion brute. «Je dirais que ma musique est triste et pop. En fait, je compose quand je suis vulnérable. On ressent tous les mêmes choses, on vit tous les mêmes expériences. Et je pense que c’est cela que je veux partager. On a tous eu le cœur brisé, on a tous peur de ne pas savoir quoi faire de sa vie. Ce sont des sentiments très humains. C’est de là que ma musique vient», confie-t-elle.
Des racines familiales et une introspection profonde
Sur son premier Ep, sorti cette année, Rumi Solomon dévoile des textes personnels portés par des mélodies délicates. «Ce sont des chansons que j’ai écrites à différentes périodes de ma vie. Je pense qu’on évolue constamment, et la plupart de mes paroles parlent de l’introspection. J’essaie d’exprimer ce que je ressens. J’ai parfois le sentiment d’être en retrait, mais j’essaie de me dire que ça va aller», explique-t-elle. La musique fait partie de la vie de Rumi depuis l’enfance : «J’ai grandi entourée de musique. Ma mère chante, elle a une très belle voix. Et plus tard, mon frère m’a fait écouter beaucoup de musique, comme Bob Dylan, Tracy Chapman, Led Zeppelin, The Pixies… Toutes mes connaissances techniques en musique viennent de mon frère. Et tous les deux me soutiennent beaucoup.» C’est après la pandémie, en 2021, que Rumi se lance véritablement dans la musique, écrivant ses morceaux en anglais et en amharique. «Je pense que pour le marché local, c’est mieux de faire des chansons en amharique, car beaucoup de gens ne parlent pas anglais. Mais pour moi, c’est plus facile d’écrire en anglais. Donc j’essaie de faire les deux. Cela me permet de créer une sorte de fusion, j’essaie de trouver le juste milieu pour les gens d’ici et d’ailleurs. Je ne veux pas simplement me présenter comme la «chanteuse éthiopienne». Je veux partager mes sentiments et ceux des gens qui ont eu du mal à s’exprimer.» Après ce premier Ep remarqué, Rumi Solomon aspire désormais à sortir un album, avec la même sincérité et la même envie de toucher le public, ici et ailleurs.
Rfi Musique