Mimi Touré a déposé sur la table du président de l’Assemblée nationale, une proposition de loi, qui vise à limiter la nomination des membres de la famille présidentielle dans les institutions de la République. La proposition de loi a été déposée hier. Elle matérialise son intention de «restaurer l’éthique dans la politique» par cet acte. Qui pourrait être un couteau à double tranchant. Benno pourrait considérer cette proposition de loi comme étant contre ses intérêts et, par la même occasion, constater la démission de Aminata Touré pour acte de dissidence.

Par Malick GAYE – La cadence ou la rébellion s’accélère. C’est selon. Aminata Touré, qui estime avoir perdu «son poste» de présidente de l’Assemblée nationale a cause de nominations basées sur les liens familiaux, a décidé de prendre le taureau par les cornes. La députée non inscrite a déposé hier, une proposition de loi visant à limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République.

Malgré la littérature servie comme motif, cette proposition de loi est d’ordre purement politique. La tête de liste de Benno bokk yaakaar (Bby), qui a vu Amadou Mame Diop être porté à la présidence de l’Assemblée nationale et Amadou Ba diriger le gouvernement de «combat», en veut au chef de sa coalition politique. Dans sa logique de «restaurer l’éthique dans la politique», Mimi Touré avance un pion hautement risqué. En effet, sachant que le pouvoir n’a que 82 députés, cette proposition de loi, si elle venait à être inscrite en plénière, a de fortes chances de passer. Car, l’opposition, qui a longtemps dénoncé l’immersion de la famille du Président Macky Sall dans les affaires courantes du pays, ne va certainement pas hésiter à voter pour son adoption. Dès lors, la Coalition Bby n’aurait que ses yeux pour constater l’ampleur des dégâts.

sauvegarder la démocratie, elle va à l’encontre des intérêts de Bby. Qui pourrait saisir cette occasion pour constater la démission de Aminata Touré. Toujours est-il que le Pr Ismaïla Madior Fall a déjà donné le ton en expliquant, lors de son passage à l’emission Jury du dimanche d’Iradio, que les actes de Mimi Touré sont assimilables à une démission. Par conséquent, il ne reste plus qu’à le constater pour qu’elle perde son mandat de députée. Un jeu qui pourrait intéresser l’opposition. A la recherche d’équilibre, Yewwi-wallu ne va pas croiser les doigts en laissant Bby exclure Mimi Touré de l’Assemblée nationale.

Pour rappel, Aminata Touré, la tête de liste aux Législatives de Benno bokk yaakaar (Bby), va démissionner du groupe parlementaire dirigé par son camarade de parti, Me Oumar Youm. «J’adresserai dès demain, une lettre au président de l’Assemblée nationale pour l’informer que je me libère du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar pour devenir députée non-inscrite», avait déclaré Aminata Touré, après l’installation du Bureau de l’Assemblée nationale. Mimi Touré avait évoqué le «respect de la parole donnée» pour motiver sa démission du groupe parlementaire Bby. «La politique, ce n’est pas la ruse, l’abus de confiance et la préférence familiale. La politique peut et même doit s’accompagner de valeurs humaines, d’éthique et surtout de respect de la parole donnée et par dessus tout, du respect de nos lois et règlements», avait-elle expliqué.
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