Après les avoir délogés de leur terroir avec une maigre contrepartie pour prendre leur or, la société Sgo offre 18 billets pour la Mecque à des édiles de la zone de Sabodala. Une manière, selon les représentants de la société, de faire en sorte que les «populations profitent de leur or».
18 imams et chefs de village qui habitent autour des sites d’opération de Sabodala vont prendre aujourd’hui l’avion pour la Mecque. En posant cet acte de Rse, l’entreprise Sabodala gold operations (Sgo) a exprimé le souhait que ces populations puissent profiter de l’or tiré de leur sous-sol. Le directeur adjoint des relations communautaires de cette société l’a résumé en ses propres mots : «L’or du Sénégal doit servir aux Sénégalais. On ne peut pas faire cet or et laisser la population. C’est pourquoi on a pris cette initiative. Et nous voulons qu’à la fin de l’exploitation minière, les populations soient dans de meilleures conditions.» Avec les milliards engrangés par l’entreprise, et surtout la délocalisation des villages pour les besoins de l’exploitation minière, l’entreprise a bien raison de se féliciter de n’avoir que 18 billets pour la Mecque à offrir en compensation aux villageois.
Issa Dabo a également magnifié l’ambiance de paix qui règne entre les populations et l’industrie extractive. «Les conflits entre les communautés et l’industrie extractive, ça a toujours existé. Mais je pense qu’avec le dialogue, il y a maintenant une ambiance de cordialité et de fraternité qui existe dans cette zone», dira-t-il. Avant de rappeler des actions qui ont été faites par ladite industrie, parmi lesquelles l’éradication des abris provisoires. «Actuellement pour l’éducation, nous avons construit des salles de classe. Les fournitures scolaires, maintenant les populations ne les achètent plus», appuiera M. Dabo. Qui, avec les 18 voyageurs, effectuait hier une visite de courtoisie au ministère des Mines.
Un geste que la ministre des Mines et de la géologie, Mme Aïssatou Sophie Gladima Siby, a apprécié. «Cette visite montre votre détermination à collaborer directement avec l’entreprise et avec l’Etat du Sénégal», a-t-elle avancé. Ajoutant à l’endroit des représentants des villages : «Ce n’est pas évident qu’une société vienne s’installer chez vous et exploite vos ressources, ça ne peut pas vous faire plaisir. Mais nous sommes dans une ère où le Sénégal veut aller loin, c’est-à-dire profiter de ses ressources minières pour le bien-être social de sa population.» Pour les habitants de cette partie du pays en tout cas, les retombées de l’exploitation de l’or tardent encore à se faire sentir dans leur terroir, si l’on en juge par la situation de précarité que vivent les populations.
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