Saccage de la Maison du Parti socialiste : Chronique d’une guerre feutrée entre Tanor et Khalifa

Le défèrement de Bamba Fall et Cie devant le Parquet semble être l’aboutissement d’une guerre feutrée, mais sans merci entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall. Le saccage de la Maison du Ps le 5 mars dernier, mis sur la table, met en exergue la férocité de la guerre froide entre le Sg du Ps et son chargé de la Vie politique.
5 mars 2016 ! La contestation contre Ousmane Tanor Dieng prend une tournure violente. Le secrétaire général du Parti socialiste, après avoir donné la position du parti de voter Oui au référendum, est pressé d’organiser une réunion du Bureau politique. Et ce samedi, alors qu’un vent frisquet souffle sur la Maison du Parti socialiste, la météo politique annonce de possibles échauffourées entre militants socialistes. Venus par centaines, des militants proches du maire de Dakar, Khalifa Sall, décident de forcer le Ps à voter Non au référendum. Le Président Macky Sall est voué aux gémonies. Copieusement conspué dès son arrivée, Tanor voit ses lieutenants violentés, tabassés, humiliés… Serigne Mbaye Thiam, Cheikh Seck, Mamoudou Wane, Abdoulaye Wilane feront les frais de la furie des jeunes «nonistes». Finalement, ces derniers défoncent la porte de la salle du Bureau politique. Des vitres sont cassées, des armes blanches brandies. N’eut été l’intervention de la police contactée par Ousmane Tanor Dieng via le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, l’histoire aurait tourné à l’irréparable.
Dans le huis clos du Bureau politique, le boss du Ps promet l’enfer aux casseurs. La machine judiciaire est mise en branle. Le lendemain, en l’absence de Khalifa Sall et de ses hommes, le Bureau politique décide de porter plainte contre X. Visé par les regards, le maire de Dakar se dédouane en jurant la main sur le cœur qu’il n’a rien à voir avec la casse. Dans les mois qui suivent, la Division des investigations criminelles se saisit du dossier. De Tanor à Alioune Ndoye, en passant par Bamba Fall, plusieurs membres du Bureau politique sont auditionnés. Les pro-Khalifa eux crient à l’acharnement. Invité du «Grand jury» de la Rfm le 17 avril dernier, Barthélemy Dias qui était à Paris au moment des faits prêche le pardon pour les fauteurs de trouble. Rien n’y fait. Tour à tour, Bira Kane Ndiaye, directeur de cabinet du maire de Dakar, Palla Samb, maire du Point E, le député et chef de cabinet de Khalifa Sall, Aminata Diallo, s’en prennent à Tanor après leur audition.
Khalifa : «C’est moi qui suis visé»
Au mois de juin, Khalifa Sall, dépité par l’audition constante de ses proches, élève le ton. «Si on veut me traquer, c’est très simple, il faut avoir le courage de me convoquer à la police. Le reste, c’est de la diversion. C’est dommage que des problèmes internes ne soient pas gérés par les instances habilitées du Parti socialiste», enrageait-il le 22 juin depuis Montréal. Du côté de la direction, on assimile cette sortie à de la peur. «La victimisation ne passera pas», répliquait Abdoulaye Wilane, porte-parole du Ps, encourageant la suite judiciaire. 27 octobre, le maire Bamba Fall, un des principaux accusés, descend en flammes Ousmane Tanor Dieng qui, selon lui, «avec l’aide du pouvoir, cherche à éliminer Khalifa Sall» de la Présidentielle de 2019. Son défèrement au Parquet, en compagnie de proches de Khalifa Sall, ne fera qu’accentuer le fossé qui sépare le Sg du Ps de son responsable à la Vie politique. Probablement, on s’achemine vers un procès de Socialistes contre Socialistes. Ou de Socialistes contre des «nervis», d’après les termes du Bureau politique du 6 mars.
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