L’intrusion des gendarmes au sein de l’Hémicycle, pour permettre le déroulement du vote, afin d’élire le président de l’Assemblée nationale, est ce qu’a du mal à concevoir Mamadou Diallo, l’ancien député-maire de Kidira, dans le département de Bakel, et qui a fait partie de la 11ème législature.

«Ils pouvaient même éviter l’intrusion des gendarmes au sein de l’Hémicycle. Ça c’est une très mauvaise image. Ça on ne le voit en général qu’en période de crise grave comme en 62, avec la crise entre Mamadou Dia et Léopold Senghor. On n’était pas arrivé à ce niveau. Il fallait simplement suspendre la séance et demander aux responsables des groupes de se concerter. Même peut-être avec l’arbitrage de l’administration, le Secrétaire général qui aurait pu venir avec le Règlement intérieur et leur dire ce que le règlement prévoit, ce que le règlement ne prévoit pas. S’il y a un vide juridique, ils peuvent trouver un modus vivendi pour avancer et que chaque groupe puisse accepter la solution qui a été retenue», argumente l’ancien député qui intervenait au cours d’un entretien sur l’installation de la 14ème législature, qui a accusé  un retard dans le déroulement du vote pour l’élection du président de l’Assemblée nationale. Un vote que l’opposition a boycotté en réclamant, en vain, la démission des ministres, après avoir invoqué l’incompatibilité entre les fonctions de ministre qu’ils incarnent et celles de député.

Militant pour une Assemblée nationale «apaisée», l’ancien député appelle la majorité et l’opposition à éviter que pareille situation ne continue de se reproduire le long de la 14ème législature. «A l’avenir, la majorité a intérêt à chercher toujours le consensus. Cela voudrait dire qu’il faut tendre la main à toute l’opposition. Construire des consensus très forts.

Ce n’est pas de la compromission. Non ! C’est parce que tout simplement on a le même objectif : construire ce pays. Si on veut construire ce pays, il y a certains comportements qu’on doit mettre de côté. Et avoir à l’esprit que le seul intérêt qui vaille c’est celui du Peuple. Et ne pas avoir de complexe de tendre la main à l’opposition et que l’opposition soit également dans les dispositions pour dialoguer. Que ce soit un dialogue franc et fructueux», souligne l’honorable député Mamadou Diallo.

L’ancien parlementaire invite aussi les députés de l’opposition à se ressaisir. «Vous avez vu la presse, mais tous ceux qu’on a brocardés, ce sont les députés de l’opposition. Même pour leur image, ce n’est pas bien. Il faudrait qu’ils arrivent à se ressaisir, il faudrait qu’ils arrivent à mettre les idées en avant et éviter que tout le monde se braque contre eux pour dire qu’ils ont déçu. Ce n’était pas ça qu’on attendait d’eux. Ce n’est pas bien pour eux, pour leur image. L’opposition a intérêt à avoir un comportement exemplaire dans tout ce qu’ils disent, dans tout ce qu’ils font», ajoute l’ancien député. «Un faux député qui a son écharpe qui se permet de prendre la parole. Mais ce n’est pas possible.

L’administration de l’Assemblée a failli, elle n’a pas été prévenante. Il fallait prévoir tous ces cas de figure. Tout le monde savait qu’il y avait quatre candidats, ce n’était pas une surprise. Pourquoi ne pas prévoir tout cela ?», affirme-t-il. Non sans prévenir d’éventuelles surprises qui pourraient intervenir dans cette nouvelle législature, avec un avant-goût donné dans ce sens, surtout l’élection de Amadou Mame Diop comme nouveau président de l’Assemblée nationale alors que personne ne s’y attendait. «Imaginez si l’honorable députée Mimi Touré n’avait pas voté par procuration et que l’opposition vote (pour le poste de président de l’Assemblée nationale), il y aurait fifty-fifty. Quatre-vingt-deux (82 voix) partout, on allait revoter. Le second tour est toujours prévisible pour l’avenir, par rapport au vote des lois», fait-il remarquer.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn