Longtemps mis à l’index par des activistes en furie, Auchan a subi les foudres des manifestants et des pillards. Les nombreux employés locaux qui se retrouvent en chômage technique, et les 600 fournisseurs locaux, qui auront des difficultés pour écouler leurs marchandises, essaieront peut-être aux politiques de mesurer les conséquences de certains discours.

Les images ont fait le tour de la Toile, et certaines étaient si parlantes qu’elles ont occulté le discours de la raison. Ce discours que des individus aveugles et sourds ne voudraient pas entendre, mais qui est celui du bon sens pour qui sait réfléchir. Les dirigeants de la chaîne des supermarchés Auchan, qui ont été particulièrement visés par les violences destructrices et les pillages ces derniers jours, sont très clairs. Les premiers à souffrir le plus d’une disparition de Auchan du paysage économique sénégalais, ce seront les Sénégalais, particuliers et Etat compris. En effet, avec les saccages de ces derniers jours, qui ont affecté au moins 10 magasins, c’est plus de 300 employés qui se retrouvent en chômage technique. Et personne ne peut à ce jour, prédire quand ils reprendront service.
Le chiffre peut paraître dérisoire pour certain, si l’on tient compte du fait que Auchan au Sénégal, emploie environ 1730 personnes, essentiellement des Sénégalais. Mais c’est des salaires versés, qui font vivre des familles, et qui permettent à l’économie nationale de tourner. Et plus important encore, à côté de ces employés, il y a environ 600 fournisseurs de légumes, poissons, viandes, poulets et autres produits frais, «made in Sénégal», qui ont permis de mettre en place un circuit court, de stabiliser les prix des produits alimentaires, et de mettre à la disposition du plus grand nombre, des produits que beaucoup jugeaient depuis longtemps, hors de portée des bourses ordinaires.
Avec le saccage des boutiques Auchan, et la fermeture des autres, ces nombreux fournisseurs ne trouveront plus de débouché à leurs produits, qui risquent pour certains, de leur pourrir sur les bras. Et les consommateurs, dont, ironie de l’histoire, certains sont peut-être parents à certains des pillards, devront bientôt payer le prix fort pour accéder aux marchandises qu’ils voudraient. Quant à l’Etat qui, quoi qu’on en dise, a failli à sa mission de protéger les citoyens et leurs biens, il risque d’avoir beaucoup de mal à recouvrer diverses taxes issues de l’activité des boutiques Auchan : l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les salaires, la tva, ainsi que diverses patentes payées aux communes concernées… Seuls peut-être n’auront pas à trop se plaindre de la fermeture d’Auchan, les propriétaires des terrains sur lesquels sont érigées les boutiques. Pour la simple raison que certains ont reçu en avance le loyer de plusieurs mois, et même années pour certains.
Maintenant, en attendant le retour à la normale, les consommateurs sénégalais qui n’auront plus Auchan à proximité pour contrebalancer leurs petits commerçants, si souvent bien défendus par les organisations comme l’Unacois, pourront mesurer les bienfaits du monopole quand les prix des produits alimentaires prendront l’ascenseur.