A Yaoundé, durant la demi-finale qui opposait le Sénégal au Burkina, Tapsoba et Blati Touré, à la 88ème minute, se gênent dans le camp sénégalais. Le ballon est perdu : Ismaïla Sarr -jeune prodige- récupère et envoie Sadio Mané dans la profondeur, à gauche, ce dernier parcourt 60 mètres pour venir terminer, devant Ouédraogo, d’un sublime piqué du gauche ! 3-1 pour les Lions de la Téranga ! La finale est acquise pour les Lions et Sadio Mané, auteur de la passe décisive du 2ème but de Bamba Dieng, est le leader absolu d’une équipe du Sénégal conquérante et combative. Après le sifflet final, la liesse est indescriptible dans les rues de Dakar et partout à travers le pays, jeunes et vieux, hommes et femmes, de tout âge, explosent leur joie.
Cette jeune génération de footballeurs particulièrement talentueux a en commun le fait d’être de purs produits des académies de football, qui allient sport et études. Ces académies essaiment partout au Sénégal, surtout sur le littoral, entre Dakar et Saly. Depuis le Centre Aldo Gentina des années 80, qui est la première académie du genre à s’installer à Dakar, d’autres ont suivi, comme Génération Foot, Institut Diambars, etc. Ce sont des usines à fabriquer des talents, dont les plus accomplis pour le football ont pour noms : Sadio Mané ; Idrissa Gana Guèye ; Ismaïla Sarr ; et même le dernier venu, Bamba Dieng, qui est un véritable renard de surface, toujours à l’affût.
C’est le lieu de rendre un hommage et des encouragements aux compatriotes qui sont les initiateurs de ces académies. Il faut couver la réussite dans l’effort, ainsi le miracle ou le hasard n’existent pas, seuls l’école et le travail sont les voies les plus sûres pour la réussite dans tous les domaines. La victoire et la consécration dans la compétition -comme dans la vie tout court-supposent une mentalité de gagneur que seul le travail acharné et assidu peut garantir. Le talent ou le don ont des limites, surtout pour les disciplines sportives particulièrement exigeantes de la haute compétition. Aujourd’hui, il est acquis et établi que les pratiques mystiques et maraboutiques sont sans efficacité.
En même temps que le Peuple exulte au soir de la qualification des Lions en finale, nous nous réveillons le lendemain pour replonger dans la triste réalité de l’école publique sénégalaise -en décadence presque inexorable- plongée depuis plus d’une décennie, dans des grèves cycliques sans fin. Ceux qui demain doivent porter notre pays aux cimes des sciences et techniques, sont dans les rues -victimes collatérales du corporatisme enseignant et d’un gouvernement aux abonnés absents- ; les jeunes et élèves de notre pays risquent ainsi de rater la compétition pour l’excellence scientifique et technique au niveau mondial.
Comme Sadio et compagnie portent le Sénégal au sommet du podium continental et même mondial grâce à l’éducation et la formation reçues, nos enfants, surtout ceux de l’école publique, devraient avoir la chance et l’opportunité de recevoir une éducation de qualité qui les prépare à hisser notre pays au rang des nations émergentes. C’est une compétition et l’école doit les y préparer, comme les académies nous ont préparé et produit des Sadio Mané et Bamba Dieng, etc….
Ne ratons pas la leçon que nous donne la future consécration des Lions ce dimanche, à Yaoundé. Où est notre Jules Ferry ?
Moustapha DIAKHATE
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