Safar 2025 : l’exil au Gabon, vaines tentatives d’anéantissement d’un homme de Dieu

La décision d’envoyer le fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, en exil est intervenue à la suite de la comparution de ce dernier devant le Conseil privé au palais du Gouverneur général de Saint-Louis. Il s’agissait ainsi de statuer sur le sort de Serigne Touba. C’est à la date du 5 septembre 1895. Par procès-verbal n°1, délibération n°16, il est décidé de sa déportation au Gabon. Et le 18 septembre de la même année, la déportation du Cheikh est confirmée par une lettre du Commissaire général du gouvernement français au Gabon. Cette notification en application de la décision prise en conseil privé, réuni à Saint-Louis le 5 septembre, fait ressortir l’accusation portée sur le serviteur du Prophète (Psl) en ces termes : «Ses agissements et ceux de ses talibés menacent.» Ainsi, la condamnation est exécutée sans délai et Khadimou Rassoul est transféré à Dakar par train. Il quitte la capitale le 21 septembre de la même année vers le Gabon par voie maritime. Le choix du Gabon est loin d’être fortuit, car l’exil d’un Sahélien vers une région équatoriale humide ressemble bien à une condamnation à mort déguisée.
La déportation de Cheikh Ahmadou Bamba vers le Gabon obéit aussi aux cyniques méthodes de l’autorité coloniale qui n’hésitait pas à damner et déporter ses ennemis. Une fois aux îles, le grand marabout, selon ses propres dires, fut sujet à toutes sortes d’exactions et de brimades, et cela tout au long de ses séjours successifs dans la jungle de Mayumba, à Lambaréné et ailleurs.
Mû par le désir de se débarrasser de Serigne Touba qui ne montre aucun signe d’affliction devant les nombreuses tentatives d’humiliation et de tortures, un projet avait été élaboré pour le fusiller. L’opération échoue quand les soldats chargés d’ouvrir le feu renoncent, saisis de peur devant l’apparition «d’anges montés sur des chevaux», témoignent-ils devant leurs chefs. Cette étape de Mayumba dure 5 ans.
Les épreuves de Mayumba le laissent indifférent. C’est ainsi que l’administration coloniale, aux fins de corser et de durcir les conditions de vie du Cheikh, décide de l’envoyer à Lambaréné. Un petit poste perdu dans la jungle équatoriale et situé au Nord du Gabon. Le séjour du Cheikh sur cette terre a duré près de trois ans. Trois années de brimades, de complots échoués, de tentatives d’humiliation restées vaines. Cette étape de Lambaréné a été d’une telle atrocité.
C’est ainsi que le jour du 11 novembre 1902, Serigne Touba est revenu au pays à bord du navire La Ville de Maceïo. Un retour auréolé d’une grande richesse intérieure, plus qu’il en était parti. Il qualifie son exil de fête et appela tous ses talibés à le commémorer avec lui ; d’où le grand Magal.
Missig TINE
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