En tournée à Saint-Louis, le Secrétaire général du Cusems maintient la pression sur les autorités. Abdoulaye Ndoye admet que l’école est en crise.Par Cheikh NDIONGE

– L’école est à l’arrêt. En tournée hier dans le Nord, le Secrétaire général du Cusems s’est expliqué sur les causes de la grève qui paralyse actuellement le système éducatif sénégalais. C’est toujours la même rengaine : Abdoulaye Ndoye dénonce les grandes disparités salariales dans la Fonction publique. Au premier plan dans la «lutte», il demande aux «troupes» d’être prêtes «pour le combat». Le Secrétaire général du Cusems est à Saint-Louis «dans le cadre d’une tournée d’information et de sensibilisation» sur la crise scolaire, qui frappe le système éducatif depuis presque deux mois, notamment dans le moyen secondaire, avec la grève du Cusems et du Saems. «Une grève due, selon Abdoulaye Ndoye, au non-respect des accords signés entre l’Etat et les syndicats d’enseignants dans le protocole d’avril 2018, mais également à la question fondamentale qui mobilise aujourd’hui tous les enseignants du Sénégal, à savoir la question du système de rémunération des agents de l’Etat.» Ce dernier point enrage les syndicalistes. «Lorsque le Cusems a demandé l’alignement des indemnités de logements, le gouvernement a fait une étude qui a été réalisée par le cabinet Mgp Afrique sur le système de rémunération des agents de l’Etat. Cette étude avait révélé qu’il y a un régime indemnitaire inadéquat et inéquitable au Sénégal, des écarts salariaux alarmants et une opacité qui entoure ce système de rémunération. Il faut par conséquent corriger ces inégalités, car le combat que mènent les enseignants est un combat pour l’équité, la justice sociale et l’impartialité», explique le Secrétaire général du Cusems, qui souligne «que les agents de l’Etat doivent être traités avec impartialité, justice et équité. C’est pourquoi, fait-il savoir, les acteurs sont mobilisés». Agacé par cette situation, il enchaîne : «Si l’on prend par exemple la masse salariale des fonctionnaires, les salaires des enseignants représentent 12% de cette masse salariale, alors que les enseignants représentent 70 à 75% des fonctionnaires. Ce système de rémunération est donc injuste, car là où un enseignant avec un Bac plus 6, qui a fait 30 ans de service, n’a même pas un salaire de 500 mille francs Cfa au Sénégal, une femme d’un ambassadeur perçoit 500 mille francs, comme d’autres qui ont aussi jusqu’à un million d’indemnité.» Malgré cette étude, la situation n’a pas changé. «Récemment, le gouvernement a octroyé des indemnités presque d’un demi-million à des agents. Je trouve cela bien, mais il faut aller dans le sens de corriger ces disparités, surtout en ce qui concerne les enseignants.»

«Ce sont des revendications légitimes»
Aujourd’hui, les autres points de revendication sont la création du corps des administrateurs scolaires, l’apurement des mises en position des stages, le paiement des rappels, l’amélioration de l’environnement scolaire et le traitement du dossier des professeurs d’éducation physique et sportive (Eps). Abdoulaye Ndoye rappelle qu’il y a des décrets signés, mais il reste le décret 77-11-77 du 30 décembre 1977 pour la création du corps. «L’école sénégalaise est donc aujourd’hui en crise», relève le responsable syndical.
Le patron du Cusems rappelle que les enseignants sont restés deux ans sans faire de grève. Mais, quatre ans après la signature du protocole, les syndicalistes sont las d’attendre. «Nous ne pouvons plus continuer les monitoring indéfiniment, toute chose a une fin. Ce que nous attendons, c’est qu’aujourd’hui le gouvernement manifeste une volonté politique allant dans le sens de matérialiser les accords signés», déclare fermement Abdoulaye Ndoye.
Il s’est aussi prononcé sur les accusations de politisation du milieu scolaire. Pour lui, c’est un faux débat. «Dans la mesure où même du temps des Présidents Diouf et Wade, on taxait aussi les enseignants de politiciens. Il faut que le gouvernement respecte le Peuple et qu’on arrête ces histoires. La désinformation, l’intoxication, cela ne peut plus passer. On ne peut pas discréditer cette grève en parlant de politisation. Ce sont des revendications légitimes, pertinentes et fondamentales et si on veut la paix, il faut qu’on les règle», estime-t-il.
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