Les travailleurs se sont mobilisés derrière leurs responsables syndicaux pour marquer leur présence devant les autorités, comme il est de coutume chaque année. Comme une rhétorique, les mêmes doléances sont toutefois revenues et déposées encore une fois sur la table du Gouverneur, représenté à la cérémonie officielle de remise des cahiers par l’adjoint au Préfet du département. Se succédant devant l’autorité, les travailleurs ont pratiquement soumis les mêmes préoccupations, avec seulement quelques différences liées à la spécificité de certains secteurs. Dans l’agroalimentaire, le Syndicat des travailleurs des Grands domaines du Sénégal (St-Gds), syndicat le plus représentatif, invite les autorités à  la prise en charge du transport des ouvriers journaliers qui ont fait plus de trois ans dans l’entreprise, l’ouverture de négociations et d’échanges entre travailleurs et patronat pour prévenir les conflits et instaurer un climat de confiance. Pour ces syndicalistes du secteur agricole, une médiation devrait même être initiée par les autorités régionales pour la prise en charge de problèmes comme les augmentations de salaires et l’amélioration des conditions de travail et de la sécurité. Les travailleurs ont aussi surtout sollicité de la part de l’Etat, le toilettage des textes régissant le secteur. Des textes qui, de leur avis, sont dépassés depuis longtemps.

La Fédération autonome des travailleurs de Sénégal (Fgsts/B) a, de son côté, insisté sur le symbole que représente la Fête du travail, avant de mettre sur la table du Gouverneur des préoccupations comme la Convention agricole qui date de l’époque coloniale et qui n’a jusque-là pas été revue. Il y a aussi le problème de la grève des agents des collectivités territoriales qui perdure, les licenciements abusifs dans des secteurs comme la boulangerie, l’industrie de la laiterie, entre autres.

Les travailleurs ont surtout insisté à l’unisson sur le traitement des doléances qui dorment pendant un an dans les tiroirs des autorités et qui sont encore remises sur la table. Cette habitude ne permet pas, selon les syndicalistes, une bonne prise en charge des revendications des travailleurs. Pour en finir avec ces mauvaises habitudes, les responsables syndicaux ont invité leurs camarades à rompre avec la tradition qui a toujours fait de la Fête du travail un moment de folklore et de réjouissance. Le porte-parole de la Cnts a d’ailleurs insisté sur cet aspect en rappelant aux travailleurs que ces moments «sont des opportunités pour discuter des problèmes qui plombent leurs secteurs d’activité afin de trouver des solutions leur permettant d’améliorer leurs conditions de travail et de vie».

Dans le secteur de la pêche, fortement représenté, les acteurs regroupés dans le Syndicat autonome de la pêche se sont réjouis de la nomination, pour la première fois selon leurs propos, d’un homme du sérail qui, de surcroît, connaît bien le dit ministère pour y avoir servi. Pour eux d’ailleurs, les premiers engagements du gouvernement sont très rassurants : il s’agit, selon leur porte-parole, respectivement de la décision de réserver la zone de 12 miles entre la côte et la haute mer aux pirogues artisanales, la remise en cause des accords avec l’Union européenne dont 45 bateaux pêchent dans les eaux sénégalaises depuis plusieurs années et la création du corps des garde-côtes au Sénégal, qui est le seul qui n’en dispose pas dans la sous-région. Toutefois, les pêcheurs saint-louisiens ont fait savoir à l’autorité que la principale préoccupation de leur secteur demeure le problème de la brèche qui continue de tuer les pêcheurs. Selon leurs dires, 600 personnes y ont laissé la vie depuis son ouverture. Un véritable mouroir !
Par Cheikh NDIONGUE – cndiongue@lequotidien.sn