Saint-Louis, qui fait partie des zones de départ de l’émigration irrégulière, espère renverser la tendance en formant les jeunes dans les métiers du numérique. 1000 jeunes saint-louisiens vont ainsi devenir des développeurs.Par Cheikh NDIONGUE –

La lutte contre l’émigration irrégulière et les autres fléaux comme les troubles et autres phénomènes dus, entre autres, au désespoir de la jeunesse, ne sont plus la préoccupation seulement de l’Etat du Sénégal. L’Institut polytechnique panafricain s’est aussi engagé dans le combat à partir de Saint-Louis. Son Administrateur général, le Dr Mamadou Oumar Dia, par ailleurs président de la commission Tic et innovation à la commune de Saint-Louis, s’est dans ce sens fixé l’objectif de former 1000 jeunes saint-louisiens au métier de développeur. Pour ce faire, il a regroupé dans la Vieille ville, des experts dans le domaine du digital pour réfléchir sur les voies à suivre et les moyens qu’il faut par ailleurs mobiliser pour s’attaquer à ces problématiques. Selon Dr Amadou Oumar Dia, il existe, en effet, en Afrique en général et particulièrement au Sénégal, un problème sociétal lié à l’espérance des jeunes qui motive le phénomène de la migration par voie maritime illégale et d’autres troubles constatés de manière récurrente aujourd’hui dans notre pays. Pour appuyer l’Etat dans ses efforts visant à faire face à ces phénomènes, l’Administrateur général de l’Institut polytechnique Panafricain a eu l’idée de réunir plusieurs de ses amis et collaborateurs, pour la plupart des experts dans le domaine du digital, pour essayer de trouver des voies innovantes et réalistes, et qui pourront être supplémentées dans le court terme dans la commune de Saint-Louis. Pour Dr Dia, depuis la raréfaction des pluies à partir des années 70, le Sénégal est confronté à des sécheresses et à une raréfaction des ressources naturelles liées aussi à des problèmes de météo. «En effet, relève-t-il, vers les années 60, le Sénégal enregistrait d’habitude 400 millimètres de plus, ce qui permettait de boucler le cycle végétatif. Il n’y avait donc pas de problème pour cultiver correctement des spéculations comme l’arachide et fournir les pâturages et mettre le bétail. La conséquence de la rupture constatée dans ce cycle a fait que les ressources agricoles se sont beaucoup raréfiées sur la bande allant entre le nord Saint-Louis et la zone de Kaolack», dit-il. Cette bande, qui quitte l’Océan atlantique, traverse d’ailleurs des pays comme le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan. Con­comitamment à la raréfaction des ressources, il a été noté, selon l’administrateur de l’Ins­titut polytechnique panafricain, un taux de croissance démographique très fort sur cette bande en question. «Face à cette pression des ressources, explique-t-il, les Etats, particulièrement celui du Sénégal, ont cherché des voies pour promouvoir l’entrepreneuriat.» C’est ainsi que dans les années 60, le gouvernement du Séné­gal avait mis en place le Fonds de promotion économique pour pouvoir offrir des opportunités aux jeunes entrepreneurs. Cette politique a continué dans les années 2000 avec la création de l’Anpej, et plus tard la Der et le Fongip qui se sont déployés pour le même but. Il s’agit maintenant, note Mamadou Oumar Dia, en continuant de s’appuyer sur ces acquis, de créer des ruptures paradigmatiques. Il donne d’ailleurs dans ce sens l’exemple de l’Inde qui capte dans le domaine du digital, l’équivalent de 100 milliards de dollars par année. Alors que toute l’Afrique réunie n’arrive pas à encaisser 1% de ce montant. La conclusion est donc qu’il y a de grandes marges de progression à faire dans ce domaine.
C’est surtout pour participer à la réduction de ce gap que l’Institut polytechnique a initié cette réflexion à laquelle son Administrateur général a convié plusieurs experts, parmi lesquels des responsables de 01 Talent qui travaille dans ces types de formation, le fondateur de Jokko Labs qui est dans l’écosystème depuis longtemps, des partenaires de fonds d’investissements majeurs comme Parteck, qui gèrent de gros fonds et qui accompagnent de nombreuses initiatives privées. L’idée, explique Dr Dia, est de voir comment implémenter des centres de formation dans le digital à Saint-Louis pour des cibles post-Bac, mais aussi pour d’autres populations de jeunes qui n’ont pas le baccalauréat mais qui sont motivées à avoir certaines dispositions naturelles, qui leur permettent de subir ces formations pour être un développeur full stack qui peut être en mesure d’être en compétition avec tout autre acteur dans un monde complètement mondialisé aujourd’hui, où les marchés sont décloisonnés et où c’est seulement celui qui détient le savoir-faire qui a les parts de marchés.
Dr Mamadou Oumar Dia, qui n’en est pas à sa première action pour avoir déjà initié à Saint-Louis, où il est par ailleurs acteur politique au sein de l’Ucs et dans la mouvance présidentielle, des formations pour les femmes et de multiples activités dont des consultations gratuites et dons de médicaments, compte ainsi participer à redonner aux jeunes saint-louisiens de l’espoir afin de les inciter à se former et à rester dans leurs pays et participer à son développement tout en s’épanouissant. Saint-Louis a, en effet, selon ses explications, une longue tradition dans les métiers intellectuels pour avoir abrité les premières écoles coraniques et la première école primaire francophone, et répond donc parfaitement à cet écosystème et à cette longue culture d’apprentissage pour capter ces nouvelles opportunités, avec pour but principal d’offrir des opportunités aux jeunes et leur redonner de l’espérance, et à partir de là, changer les paradigmes et recréer de l’espoir de part et d’autre.

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