Il était venu pour voir, comme il l’a dit dans son discours. Il a vu et promis d’agir pour stopper l’avancée de la mer qui menace la Langue de Barbarie. Emmanuel Macron a promis un financement de 25 milliards F Cfa pour sauver en urgence cette zone victime du réchauffement climatique.

L’accueil est à la hauteur de l’espoir suscité par les promesses du Président français. En visite officielle à Saint-Louis, le Pré­sident français a annoncé un investissement de 8 milliards de francs Cfa pour la réalisation des travaux d’urgence destinés à sauver la Langue de Barbarie de l’avancée de la mer. Et la Banque mondiale va donner 18 milliards F Cfa dans le cadre du programme Waca. Accueilli dans l‘allégresse populaire dans la vieille ville, Emmanuel Macron n’a pas caché sa joie pour saluer les populations, massées dans les rues. De l’aéroport à la Place Faidherbe en passant par l’école Abdoulaye Mbengue Khaly, c’était le même enthousiasme populaire. Pourtant, la vie n’est pas rose dans plusieurs quartiers de Saint-Louis menacés par l’avancée de la mer. Emmanuel Macron dit : «Je suis venu voir, mais je suis venu aussi pour agir.» Il a mesuré sur place l’ampleur des dégâts causés par l’érosion côtière. Rappelant qu’il est venu à Saint-Louis, 13 ans jour pour jour après le Président Jacques Chirac, Emmanuel Ma­cron justifie son voyage : «Le Président Macky Sall m’y a invité, mais aussi parce que le maire de la ville, Amadou Mansour Faye, m’avait interpellé à Paris lors du sommet sur le climat pour me demander ce que j’avais fait pour stopper le phénomène de l’érosion côtière avant de m’inviter à venir voir ce qui se passe à Saint-Louis, relativement à ce phénomène.» Visiblement touché par la situation de la Langue de Barbarie, Emanuel Macron annonce les mesures prises par son pays pour gagner cette bataille. «Je suis là pour voir et nous avons vu l’érosion côtière, la peur, les murs qui tombent, l’activité économique détruite et la ville qui, peu à peu, recule devant ce que certains parfois veulent encore nier, les effets du changement climatique. Ici à Saint-Louis sur la Langue de Barbarie, c’est dans l’une des zones les plus densément peuplées d’Afrique que se joue notre responsabilité collective, celle de gagner cette bataille contre le réchauffement et le dérèglement climatiques. Et alors, je ne suis pas venu simplement pour voir, je suis venu également pour vous dire que dans le droit fil de cette histoire que nous avons eue ensemble, la France va investir à vos côtés pour l’urgence, pour aider, pour protéger. Le Président Macky Sall a engagé un programme ambitieux sur tout le Nord de la Langue pour protéger celle-ci.» Il précise : «Ce que je vais vous dire aujourd’hui c’est que la France investira 15 millions d’euros pour poursuivre ce programme et par l’Agence française de développement pour mettre tout le long du territoire, devant les maisons, les murs qui s’effondrent, des rochers pour protéger, venir en soutien aux familles, à celles ou ceux qui parfois ont perdu leur emploi ou doivent se reloger. C’est ce plan d’urgence qui commencera dès maintenant.»

17 milliards pour la préservation du patrimoine culturel
Par ailleurs, la France va investir plus de 17 milliards F Cfa dans la préservation du patrimoine culturel de Saint-Louis. Selon Emanuel Macron, Saint-Louis qui a un patrimoine architectural et culturel unique au monde reconnu par l’Unesco va aussi bénéficier de l’engagement de la France pour la rénovation de celui-ci. Le relooking de la Place Faidherbe, les maisons individuelles de l’île et la cathédrale sera assuré par Paris à hauteur de 25 millions d’euros. Au final, ils permettront à la ville de Saint-Louis de dérouler son Programme de développement touristique (Pdt). «Saint-Louis doit être comme vous le voulez, à la hauteur de son histoire. Mais Saint-Louis n’aura d’avenir qu’en étant ouverte, ambitieuse, conquérante et volontaire», a souligné Macron avant de dire que l’avenir de Saint-Louis c’est la pêche et ses activités. Le Président français a salué le courage des pêcheurs saint-louisiens qui ont perdu l’un des leurs sous les balles des garde-côtes mauritaniens. Il termine son discours par un défi en leur demandant de suivre l’exemple de Jean Mermoz qui a réussi le trajet Toulouse-Saint Louis en traversant l’Atlantique. Alors qu’il était traité de fou par certains. «Tous les calculs montrent que c’est impossible, alors nous le ferons», promet-il en faisant allusion bien sûr à la lutte contre l’érosion maritime. Macky Sall embraie : «Je prends l’engagement ici que le Sénégal va s’impliquer au premier plan pour la préservation du patrimoine architectural et historique de la ville de Saint-Louis.» Bien entendu…
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