Dans la commune de Bokhol, département de Dagana, région de Saint-Louis, plusieurs milliers de tonnes de tomate fraîche sont menacées de pourrissement, à cause de l’incapacité des industriels d’évacuer la production vers les usines.

Les producteurs de tomate de la commune de Bokhol ne savent plus à quel saint se vouer. Après avoir réalisé une production record, ils sont obligés de regarder la tomate pourrir dans les champs, à cause de l’incapacité des industriels à l’enlever. Le président du comité tomate qui craint le pire s’est expliqué sur cette situation qui s’aggrave de jour en jour. Selon Abdoulaye Dieng qui a tiré la sonnette d’alarme, toutes les conditions étaient réunies pour réaliser une production record cette année, car l’Etat avait très tôt procédé à la distribution des engrais. Les financements avaient été mis en place à temps et les calendriers culturaux respectés à la lettre. Il s’en est suivi une très bonne production dans les périmètres agricoles de la zone suscitant ainsi beaucoup d’espoir de la part des producteurs.  Seulement ces derniers vont vite déchanter, car depuis quelques semaines, la tomate a commencé à pourrir dans les champs en grande quantité en raison de l’incapacité des industriels de l’enlever pour le transporter dans les entrepôts de leurs usines en vue de la transformation. Selon Abdoulaye Dieng, le constat est général, la tomate a bien produit cette année mais n’est pas évacuée vers les usines, ce qui est à l’origine de beaucoup de pertes. Sur les raisons qui ont conduit à cette situation, le président du comité tomate a  pointé de façon implicite le doigt sur les industriels qui, malgré les efforts qu’ils ont fournis, sont incapables jusque-là d’évacuer les importantes quantités de tomate qui dorment dans les champs et qui sont en train de pourrir. Pour M. Dieng, même si on ne peut pas parler pour l’instant de surproduction, la production de tomate est très bonne et d’ailleurs largement plus importante que celles des trois dernières années. Il fait remarquer dans la même lancée que la tomate a mûri en même temps, alors que l’évacuation n’a pas permis d’atteindre le niveau escompté, malgré le démarrage des opérations d’évacuation par les trois industriels opérant dans la filière depuis le mois de février, plus précisément le 1er février pour la Socas, le 10 février pour Agroline et le 20 février pour Takkamoul Food.

Une production de 80 mille tonnes attendue
Pour mettre fin à cette situation avant qu’elle ne s’empire davantage, le président national de la filière tomate invite, au nom de ses camarades producteurs, les industriels à prendre les mesures nécessaires pour enlever la totalité de la production de tomate. Dans ce sens, fait-il savoir, une réunion s’est tenue entre les producteurs, les  industriels, la Saed et la Caisse nationale de crédit agricole pour trouver les solutions permettant de sortir la tomate des champs. Les industriels ont d’ailleurs, selon Abdoulaye Dieng, pris l’engagement d’augmenter leur parc automobile et de mettre ensuite en place des stratégies leur permettant d’éviter les pertes. Il s’agit entre autres, d’essayer de privilégier dans le calendrier d’évacuation, les casiers qui avaient repiqué les premiers avant de passer aux autres. Selon les informations fournies par M. Dieng, plus de 2400 ha ont été emblavés pour la tomate et une production record de plus de 80 mille tonnes était attendue, une production qui va dépasser largement les quantités produites au cours des trois campagnes précédentes de tomate industrielle. Sur ce tonnage, la Socas s’était engagée, selon le président du comité tomate, à acheter 30 mille tonnes, alors qu’Agroline et Takamoul avaient promis d’en acheter chacun 25 mille tonnes, des engagements qui risquent de ne pas être respectés si les choses en restent en l’état. Il faut remarquer que ce n’est pas la première fois que cette situation se produit dans cette zone, d’où la nécessité pour le ministère de l’Agriculture et celui du Commerce de s’atteler à mettre en place des mécanismes de régulation permettant de sécuriser la production et d’éviter aux producteurs les importantes pertes qu’ils subissent.
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