Le M2d ne peut pas directement saisir la Cour pénale internationale, comme il l’a annoncé à la suite des violentes émeutes du mois dernier. Selon Me Sidiki Kaba, la saisine de la Cpi, qui est une institution complémentaire aux juridictions nationales, obéit à plusieurs critères.

Après les violentes émeutes de mars dernier, nées de l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2d) avait menacé de traîner l’Etat du Sénégal et ses dirigeants devant la Cour pénale internationale (Cpi). Ex-président de l’Assemblée des Etats parties au traité de Rome, Sidiki Kaba montre qu’il connaît mieux que le M2d le mécanisme de fonctionnement de la juridiction basée à La Haye. «Cette Cour est une juridiction complémentaire qu’on ne peut saisir directement. La Cour pénale internationale n’attrait pas un Etat, mais des individus qui sont impliqués dans ce qu’on appelle des crimes massifs, notamment des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, le génocide», explique Me Kaba. Et il s’interroge pour déconstruire la pertinence de cette saisine annoncée : «Avons-nous vu des faits qui sont aussi graves qui auraient pu être apparentés à ces crimes qui froissent la conscience de l’humanité qui a amené celle-ci à prendre cette juridiction internationale pour juger ces crimes massifs et qui peuvent avoir des conséquences graves sur la paix et la sécurité nationale ?» Et il répond : «Rien de tel n’a eu lieu au Sénégal. Le Sénégal connaît la Cpi, on ne l’agite pas. Les procédures internationales ne sont pas aisées… On ne peut pas manipuler les concepts de crime contre l’humanité, de crime de guerre ou de génocide à la légère, croyant que ces crimes qui heurtent la conscience universelle sont des crimes qu’on peut utiliser à la va-vite. Rensei­gnez-vous avant de proférer des menaces !» Pour lui, la Cpi est une juridiction complémentaire aux institutions nationales. «La justice doit être d’abord rendue dans les lieux où les faits se sont déroulés», précise l’ancien ministre de la Justice.
Par ailleurs, le gouvernement n’a pas voulu s’épancher sur le volet judiciaire de l’affaire Adji Sarr-Sonko pendante devant la justice. Néanmoins, Sidiki Kaba refuse d’occulter la véritable cause qui a provoqué ces dégâts. «La véritable affaire n’est rien d’autre que cette plainte qui oppose deux Sénégalais d’égale dignité. Ils iront devant la justice qui, en toute indépendance et impartialité, rendra son verdict en tenant compte des éléments de preuve qui ont été déposés», promet l’ancien ministre de la Justice.