Le premier dossier de la rentrée parlementaire, prévue le 14 octobre, sera la levée de l’immunité des députés El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye. L’Assemblée nationale a été saisie en ce sens par le Garde des sceaux, Malick Sall.Par Khalifa Mbaye DIOP – 

L’idée d’une justice à deux vitesses commençait à envelopper ce dossier de trafic présumé de passeports diplomatiques impliquant deux députés de la majorité, en l’occurrence El Hadji Ma­madou Sall et Bou­bacar Biaye. Après un mois de révélations à la fois ahurissantes et renversantes concernant l’enquête, le juge a, lundi dernier, transmis une requête au ministère de la Justice pour la levée de l’immunité parlementaire de Sall et Biaye. Le Garde des sceaux, Malick Sall, a, à son tour, saisi l’Assem­blée nationale dont le service de communication a confirmé hier la réception de la lettre dans un communiqué.
Pour l’heure, aucun acte ne devrait être posé, car l’As­semblée nationale est en vacances depuis le 30 juin. «L’ou­verture de la session ordinaire unique étant prévue le 14 octobre 2021, le nouveau Bureau traitera le dossier dès l’installation des commissions permanentes», indique la note de l’Assem­blée nationale. En tout cas, le dossier ne devrait pas traîner si l’on se fie aux assurances du président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar. «Le groupe que je dirige, qui comprend le président de l’Assemblée nationale, fera le travail qu’il faut à chaque fois que, dans la procédure, il sera demandé à ce qu’on lève l’immunité d’un député parce qu’il aura trempé de près ou de loin à quelque chose d’illégal. Vous pouvez compter sur moi que la levée sera effective», avait promis Aymérou Gningue au cours de l’émission Jury du dimanche du 19 septembre dernier sur Iradio et Itv.
Les députés, El Hadji Ma­madou Sall et Boubacar Biaye, sont cités dans une rocambolesque affaire de trafic de passeports diplomatiques. Dans l’enquête préliminaire, El Hadji Condé, présumé cerveau du réseau et déjà sous mandat de dépôt, a déclaré que les deux députés, membres de l’Apr, se mariaient avec des femmes pour leur procurer le fameux sésame en échange de fortes sommes d’argent. L’une de ces «épouses» de Sall serait même un homme. C’est un scénario jusqu’ici inédit pour la majorité car Seydina Fall dit Bou­ghazelli, empêtré dans une histoire de faux monnayage en 2019, avait démissionné à l’époque. Depuis 2012, les de­mandes de levée de l’immunité parlementaire concernaient toujours des opposants. Ous­mane Ngom, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Barthélemy Dias, Khalifa Sall ou encore Ousmane Sonko ont tous vu leur immunité être levée en un temps express. La majorité Benno bokk yaakaar est attendue au tournant.