La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a suspendu le Burkina Faso de ses instances. L’organisation sous-régionale exige la libération du Président renversé, Roch Marc Christian Kaboré. Des missions seront envoyées dans le pays avant le Sommet des chefs d’Etat, prévu le 3 février au Ghana. Par Malick GAYE – 

Les jours passent et se ressemblent en Afrique de l’Ouest. Après le Mali et la Guinée, c’est au tour du Burkina Faso d’être sanctionné, 5 jours après l’arrivée des militaires au pouvoir. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a suspendu le Burkina Faso de ses instances dirigeantes. C’est la principale information à retenir du Sommet virtuel que les chefs d’Etat des pays membres de l’organisation sous-régionale ont organisé hier. Ces derniers vont se réu­nir le 3 février pour évaluer la situation et éventuellement peaufiner la stratégie à adopter contre les putschistes. En attendant,  la libération du Pré­sident renversé, Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres responsables arrêtés, est exigée.
Le Sommet virtuel, qui a duré environ trois heures, a en outre décidé de l’envoi, samedi 29 janvier, à Ouagadougou, d’une mission des chefs d’Etat-major des Armées de la Cedeao, qui sera suivie lundi 31 janvier, d’une mission ministérielle. Le sommet du 3 février à Accra, en présence des dirigeants de la région, étudiera le compte-ren­du de ces missions pour décider d’imposer ou non d’autres sanctions, comme il l’a fait pour le Mali et la Guinée, où des militaires ont également pris le pouvoir.
Si la communauté ouest-africaine se veut pragmatique, la junte au pouvoir a eu le mérite d’anticiper. En effet jeudi passé, dans sa première allocution depuis sa prise de pouvoir lundi, le nouvel homme fort du Burkina, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait déclaré à la télévision nationale que son pays avait «plus que jamais besoin de ses partenaires». Disant comprendre les «doutes légitimes» suscités par le coup d’Etat, il a assuré que le Burkina «continuera à respecter les engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le res­pect des droits de l’Homme», et précisé que l’indépendance de la Justice serait aussi «assurée».
Le Lieutenant-colonel Da­miba s’est en outre engagé «au retour à une vie constitutionnelle normale», «lorsque les conditions seront réunies», sans préciser d’agenda. La télévision nationale du Burkina a cependant annoncé jeudi soir, un allègement du couvre-feu mis en place lundi : initialement prévu pour durer de 21h à 5h du matin, il passe de minuit à 4 h.
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