Un incendie s’est déclaré hier à la salle des ventes de Dakar. L’étendue des dégâts est inestimable, selon les victimes interrogées. L’origine du feu reste jusqu’ici inconnue. Le maire de Dakar, Barthélemy Dias et celui de la commune de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, étaient sur les lieux.Par Aliou DIALLO

– Les flammes qui se sont emparées hier soir de la Salle des ventes de Dakar, sise au centre-ville, ont dévasté ce lieu réputé pour son commerce intense. L’épaisse fumée noire enveloppant le ciel était visible de loin. L’incendie encore garde son mystère sur l’origine et l’étendue des dégâts causés. Stoïques devant le feu, les vendeurs de meubles et autres matériels ont attendu l’arrivée des sapeurs-pompiers, qui ont circonscrit les flammes au cours d’une opération qui a pris des heures.
Les occupants dans la panique ont pu sauver ce qui pouvait l’être. Fauteuils, armoires, lits complètement détruits. Un véritable désastre. La désolation et la tristesse étaient les sentiments les mieux partagés.
Téléphones portables calcinés, chaises réduites en amas de ferraille, débris de verre et autres objets jonchent le sol. L’atmosphère est toxique sur l’avenue Lamine Guèye. L’en­droit est devenu méconnaissable.
«Ndiogou, quittez-là, ce bâtiment peut s’écrouler à tout instant», hurle un homme en masque, sacoche en bandoulière, chapelet au cou. Pendant ce temps, on se console comme on peut. «C’est la volonté divine, il n’y a pas eu de morts, Dieu merci. Rendons grâce au Tout-Puissant», adoucit un homme, visiblement très touché. L’im­meuble en question est constitué de deux étages. Il est carrément noirci à cause de la fumée.
Les commentaires vont bon train. «Cette place appartient à mon papa», indique de la main, le jeune Youssou Ndiaye, les yeux rougis par les larmes. Il poursuit : «Tout est parti d’une cantine qu’on soudait à côté. Bon, c’est ce qui devrait arriver, personne n’y peut rien. On s’en remet à Dieu. Ça fait vraiment mal. Parce que nous avons réfectionné cette place il n’y a pas longtemps, nous avons mis des millions ici. Nous avons au moins perdu 8 salons d’une valeur de huit cent mille voire un million de francs Cfa chacun», déclare-t-il. Ils vendaient, d’après lui, des tables, des chaises, des salons, des chambres à coucher, des tables pour télé.
Aly Touré Wangara est un vendeur de portables et d’accessoires mobiles. Il est d’avis que les dégâts sont inestimables, parce qu’ils ne vendaient que du matériel haut de gam­me. A l’en croire, plus de 500 person­nes travaillent dans ces lieux devenus un champ de sinistre. «Le feu est allé très vite. Il s’est déclaré vers 15h30-16 heures. En moins de 20 minutes, tout le parc est parti en fumée. Franchement, je ne saurais vous dire l’origine. Mais le feu s’est propagé à une vitesse extraordinaire, du jamais vu», renseigne cette victime. Son collègue, Abass Mben­gue, estime les préjudices à des milliards de francs Cfa, la voix étreinte par la peine qui l’anime, à l’image de ces centaines d’occupants qui ont vu des années d’économies ravagées par les flammes en quelques minutes.
Maire de Lambaye, Assane Ndiaye est venu exprimer sa solidarité aux victimes dont la plupart d’entre elles sont issues de sa commune, située dans le département de Bambey, région de Diourbel. «En tant que premier magistrat de la commune de Lambaye, mon devoir était de venir auprès de mes parents pour au moins leur manifester ma solidarité. J’ai constaté qu’il y a plein de dégâts, beaucoup de matériels ont été brûlés. Il faut l’estimer à des millions voire des milliards de francs Cfa.»
Les sirènes ont résonné tout l’après-midi. Les sapeurs-pompiers ont mobilisé presque des dizaines d’engins. Bouteilles d’eau en mains, certains entre des gorgées, tirent la pompe pour éteindre les derniers fo­yers d’incendie. «A un moment donné de l’extinction, nous avons tout arrêté parce que les engins étaient déjà vides. Il fallait faire des rotations pour revenir. Malheureusement entre temps, le feu n’attend pas. Donc il y a eu ce problème sérieux de bouches d’incendie», a déploré le commandant des secours des sapeurs-pompiers, Mame Diène Ndiaye.
Une foule immense, venue s’enquérir de la situation, est parquée au loin par la police pour permettre aux soldats du feu de travailler sans entrave. Le maire de la ville de Dakar, Barthélemy Dias, et le premier magistrat de la commune de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, ont effectué le déplacement. La nécessité de modernisation des marchés a été évoquée. Alioune Ndoye a annoncé des discussions avec les sinistrés prochainement. «C’est le énième incendie sur ce site. Il faudrait que nous puissions discuter pour trouver comment gérer certaines activités qui posent problème en plein centre-ville», déclare le maire de Dakar-Plateau. Avant de constater : «Les gens sont en train d’exposer leur vie pour certaines activités dans la capitale.»
A la tombée de la nuit, les victimes s’organisent pour trouver des gardiens pour la sécurisation des lieux. La nuit a été très longue pour ces travailleurs, le réveil sera aussi difficile pour eux.