Après l’extraction du premier baril de pétrole de Sangomar, le Sénégal se projette dans la commercialisation de ses hydrocarbures. Voici comment ces recettes seront gérées…

Par Bocar SAKHO – C’est un autre jour qui s’est levé à Sangomar. Le Président Faye a reçu hier un échantillon des premières gouttes du pétrole produit au Sénégal en marge du Conseil des ministres. Diomaye a formulé des prières pour le Sénégal afin que ce pétrole «apporte prospérité, paix et concorde». Pour chasser la malédiction des hydrocarbures. «J’ai reçu aujourd’hui (hier), des mains du ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, un échantillon de la première extraction de pétrole du champ de Sangomar. Un petit pas sur le long chemin qui nous reste à parcourir. Notre satisfaction ne sera complète que lorsque toutes les ressources du Sénégal seront équitablement profitables au Peuple sénégalais. Selon la Cons­titution, dans son article 25-1 : «Les ressources naturelles appartiennent au Peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie.» Nous nous y sommes engagés, nous y travaillons et nous le ferons», note Bassirou Diomaye Faye.

Exploitation des hydrocarbures : Champ de signes

Ce lundi, la compagnie australienne Woodside Energy a sorti des profondeurs du champ de Sangomar le premier baril de pétrole, qui intègre le Sénégal dans le cercle des pays producteurs de l’or noir. Si les perspectives d’avenir sont réjouissantes, il est essentiel de connaitre la répartition des recettes issues de cette exploitation pétrolière.

Aujourd’hui, le gouvernement espère optimiser ses réserves de combustibles fossiles pour satisfaire les besoins majeurs du Sénégal en matière de développement économique et d’accès à l’énergie. Cette stratégie sera guidée par la volatilité des prix du pétrole dans le marché international.

Pétrole – Exploitation du champ de Sangomar : Baril d’espoirs

A Sangomar, il est attendu une manne de 700 milliards de francs Cfa pour le gouvernement sénégalais, qui va entreprendre sa propre modélisation financière de cet argent. Dans le cadre de la gestion de cet argent, l’Etat a mis en place une clé de répartition des recettes : le Budget général, le Fonds intergénérationnel et aussi le Fonds de stabilisation. En détail, un maximum de 90% destinés au budget annuel, un minimum de 10% pour le Fonds intergénérationnel, détenu par l’Etat et géré par le Fonsis. Il est destiné à tenir disponible une épargne pour les générations futures afin d’assurer leur développement après la fin de l’exploitation des ressources, avec des investissements dans des projets pouvant produire des rendements à long terme.

Alors que le Fonds de stabilisation, qui vise à prémunir le Sénégal des risques de volatilité des recettes d’hydrocarbures, est alimenté par le surplus de… recettes constaté à la fin de chaque trimestre. Il résulte de la différence entre les recettes projetées et celles effectivement encaissées. Il peut être investi par contre dans le Budget général, en cas de fluctuation défavorable des prix des hydrocarbures, après l’adoption d’une loi de finances. En tout cas, ces deux mécanismes sont dotés chacun de comité d’investissement.

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Pour l’Etat, il y a des besoins d’investissement pour valoriser le capital humain, la transformation structurelle de l’économie, le renforcement de la sécurité, de la stabilité et de la gouvernance, et le financement de la dette publique. Pour le pays, les bénéfices pétroliers constitueraient la source la plus importante de recettes publiques, suivis par l’impôt sur les sociétés. Cela va constituer un bol d’air frais pour les autorités. Il y a quelques semaines, le Fonds monétaire international (Fmi), qui achève sa mission à Dakar ce jeudi, avait remis en cause le cadrage budgétaire pour l’exercice en cours, en demandant aux autorités sénégalaises de revoir la copie du budget 2024, dans le sens de réduire drastiquement les prévisions de recettes. En effet, le Fmi considère que les recettes attendues de l’exploitation du pétrole ne seront pas au rendez-vous. Les espoirs de recettes qui boostaient le budget de l’année 2024, avec de fortes recettes additionnelles pour cette année, se sont envolés.

Il faut savoir que le champ de Sangomar fait partie des vastes gisements découverts au large des côtes sénégalaises ces dernières années. Il y a l’exploitation annoncée du gaz naturel du bloc de Cayar, à 65 kilomètres au nord-ouest de Dakar, dont les évaluations des réserves sont estimées à environ 1400 milliards de m³ de gaz destinés essentiellement à la consommation locale. Sans oublier le Gta en partage avec la Mauritanie, évalué aussi à 1400 milliards de m³ de gaz.
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