Environ 67% de la population n’ont pas accès aux soins buccodentaires alors que presque 100% des sénégalais sont affectés par des maladies buccodentaires.
Les maladies buccodentaires peuvent affecter notre vie à tous les niveaux, de nos résultats scolaires à notre vie professionnelle en passant par notre vie sociale et économique. Et pourtant, les prévalences sont très élevées. La prévalence de la carie, par exemple, avoisine les 100%, informe chef du département d’Odontologie de la Faculté de médecine de l’Ucad, Henri Benoît. Par ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 60 à 90% des enfants en âge scolaire et près de 100% des adultes souffrent de caries, 15 à 20% des adultes de 35 à 44 ans présentent des parodontopathies sévères pouvant entraîner une perte de la dent, alors que l’incidence du cancer de la bouche se situe entre 1 et 10 cas par 100 000 habitants dans la plupart des pays.
Selon Pr Benoît, il y a au Sénégal une très grosse difficulté liée à l’accessibilité aux soins buccodentaires. «Il y a beaucoup à faire sur le plan de la formation, de l’accessibilité économique, géographique. Il n’y a pas encore assez de structures de soins avec un chirurgien-dentiste», déplore Henri Benoît. Il révèle que 67% des Sénégalais, d’après une étude du ministère de la Santé, n’ont jamais eu des soins buccodentaires. Pour cause, «les centres de santé avec un chirurgien-dentiste sont dans des communautés urbaines».
Pour permettre aux Sénégalais d’obtenir des soins buccodentaires, M. Benoît appelle à construire davantage de centres de santé avec un chirurgien-dentiste, de former et de recruter pour augmenter le nombre de dentistes. «Le ratio est de 1 pour 100 mille habitants alors que l’Oms recommande un ratio de 1 pour 10 mille. Le nombre de dentistes doit être multiplié par 10», plaide-t-il.
Vu la cherté de la santé buccodentaire, le chef de département à l’Ios invite à développer le système de prise en charge et d’assurance qui permettrait de couvrir les besoins de la plupart des Sénégalais.
Par ailleurs, souligne la Dr Awa Diouf, présidente de la commission sociale du cinquantenaire de l’Institut d’odontologie et de stomatologie, il est de plus en plus démontré le lien de causalité existant entre les pathologies buccodentaires et les principales maladies chroniques comme les pathologies métaboliques à savoir le diabète, les pathologies cardiovasculaires, les pathologies rénales, certaines formes de cancer, certaines affections pulmonaires comme les bronchopneumopathies obstructives, la malnutrition et même certaines complications au cours de la grossesse.
Après 50 ans d’existence : L’Ios a produit 1000 diplômés de 20 nationalités
Le département de l’Odontologie de la Fac de médecine de l’Ucad a célébré hier la Journée mondiale de santé buccodentaire sous le thème : «Dirige ta vie, dessine ta bouche.» Un thème qui, selon le chef du département, Henri Benoît, place la santé buccodentaire au cœur même de la vie de relation qui est la sienne. L’édition 2017 de la Journée mondiale de santé buccodentaire coïncide avec le cinquantenaire de l’Institut d’odontologie et de stomatologie (Ios). Créé officiellement en 1967, l’Ios, souligne Henri Benoît, remplit infailliblement sa mission de formation malgré les difficultés qui se sont présentées tout au long de son existence. L’on peut citer parmi les difficultés le sous-équipement et la faible capacité d’accueil.
Malgré ces difficultés, cet institut, le premier en Afrique francophone subsaharienne, a produit plus de 1000 diplômés de toute la sous-région en passant par l’Europe, le Maghreb, Madagascar et les Iles Comores. «Plus de 20 nationalités d’étudiants se sont croisés au sein de l’institut», a confié M. Benoit.
ksonko@lequotidien.sn
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