Santé – Contre les marchés parallèles du médicament : Les jeunes pharmaciens réclament des sanctions

L’Union des jeunes pharmaciens du Sénégal (Ujps) réclame des sanctions à l’encontre des trafiquants de faux médicaments. Lors de la première édition «Carrefour pharmacie» dont le thème portait sur l’«Employabilité des jeunes», l‘Ujps a plaidé pour le développement d’une industrie pharmaceutique locale. Elle se fonde sur le fait que 90% des médicaments qui circulent au Sénégal sont importés, mais également que la mise sur pied de cette industrie va permettre de lutter contre la fraude sur le médicament.Par Alioune Badara CISS(Correspondant)
– La première édition «Carrefour pharmacie», organisée par l’Union des jeunes pharmaciens du Sénégal ce week-end à la Somone, a été une tribune pour eux d’étaler leurs maux afin d’y apporter des solutions. Entre autres problèmes, l’Ujps veut s’attaquer à l’insertion des jeunes diplômés en pharmacie qui peinent à trouver leur premier emploi, la précarité de leur profession et la mise en place d’une industrie pharmaceutique au Sénégal.
Face à la recrudescence de saisie record par la Douane sénégalaise sur de faux médicaments, Dr Falla Mané, président de l’Union des jeunes pharmaciens du Sénégal, invite l’Etat à sévir pour mettre un terme à ce commerce illicite. «La douane est en train de faire un excellent travail, mais il n’y a pas à prendre quatre chemins. Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités. On connaît l’origine de ces médicaments, on connaît les marchés qui les distribuent. Donc il faut fermer ces marchés parce que nous les connaissons tous. Il faut juste avoir du courage pour endiguer ce phénomène parce que c’est un problème de santé publique. Il n’y a rien d’autre à faire. On demande à l’Etat de prendre ses responsabilités, de sanctionner tous ces marchés parallèles du médicament», a tranché Dr Falla Mané.
Selon le président de l’Ujps, il n’existe pas au Sénégal la moindre unité de production pharmaceutique appartenant à des nationaux. Ce qui fait que 90% des médicaments circulant dans le pays sont importés. «Il nous faut aller maintenant vers une souveraineté en médicament qui passe par l’accompagnement de l’Etat pour disposer d’unités de production. Mais il faut noter qu’il y a trois projets d’industrie qui sont en cours. L‘un est déjà concrétisé. Il y a d’autres qui appartiennent à des Sénégalais. Aujourd’hui, 90% des médicaments qui sont utilisés sont importés et les quelques rares unités qui étaient disponibles au Sénégal appartenaient à des étrangers. C’est le cas de Médis qui, lorsqu’elle a fermé ses portes, on était confronté à des ruptures de certains médicaments qu’elle produisait ; d’où l’intérêt d’avoir une souveraineté en médicament. Et pour cela, il faut que l’Etat accompagne les Sénégalais à disposer d’une unité de production qui peut vraiment permettre à des Sénégalais de disposer du médicament, mais également à lutter contre les fraudes sur le médicament», a préconisé Dr Mané.
Les jeunes pharmaciens ont également rappelé l’importance de cette activité dénommée «Carrefour pharmacie» dont l’objectif était de parler de la situation pharmaceutique qui de plus en plus fait l’actualité au niveau médiatique ; «d’où l’intérêt de réunir tous les acteurs de la profession pour discuter de l’avenir du métier parce que nous nous rendons compte que la profession est gagnée par le chômage et la précarité qui affectent les dernières générations de pharmaciens formés. Donc, il faut qu’on en discute pour essayer de trouver des solutions avant que cette situation n’explose parce que c’est ce que nous constatons de plus en plus», a regretté le président de l’Ujps.
Tout même, il espère que des solutions peuvent être trouvées en explorant d’autres secteurs de la pharmacie. «Il y a des perspectives. Nous sommes très en retard, comparés à d’autres pays comme ceux du Nord qui nous dépassent de très loin en termes de nombre de pharmaciens formés. Nous sommes aussi conscients qu’il y a des secteurs qui ne sont pas développés, principalement l’industrie pharmaceutique et d’autres secteurs. Et ce que tout le monde voit, c’est l’officine. Et cette dernière ne peut pas employer l’essentiel des pharmaciens qui sortent ; d’où l’intérêt aujourd’hui de dégager des perspectives et faire en sorte d’orienter les nouveaux pharmaciens formés vers ces métiers d’avenir», a déclaré Dr Falla Mané.
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