Au Sénégal on vote des lois, mais celles-ci ne sont jamais appliquées. A quoi sert une loi si elle n’est jamais appliquée, se demandent les acteurs qui luttent contre le tabac. Les membres de la Listab demandent à l’Adminis­tration et à la gouvernance sanitaire de faire appliquer la loi. Ce plaidoyer a été fait hier au cours d’une cérémonie d’hommage à l’imam ratib de Gorée, Ham­zatou Bocar Dia, un fervent défenseur de la lutte anti-tabac, décédé dimanche dernier.

Il est temps que l’Adminis­tration et la gouvernance sanitaire se saisissent des six dispositions de la loi anti-tabac pour les faire appliquer. C’est le cri du cœur lancé hier par Dr Abdoul Aziz Kassé à l’occasion de la cérémonie d’hommage à Hamzatou Bocar Dia, imam ratib de Gorée, un fervent acteur de la lutte anti-tabac, rappelé à Dieu dimanche passé. «Aujourd’hui, c’est tout le Sénégal qui réclame une application effective des six dispositions que comporte la loi», révèle-t-il. Poursuivant son propos, le président de la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab) s’interroge : «Comment se fait-il que des gens continuent de fumer dans les espaces publics alors que la loi est en vigueur ?» Mais ce n’est pas que cette disposition qui est foulée au pied. «Les six dispositions de la loi ne sont toujours pas appliquées», constate M. Kassé. Pourtant, relève-t-il, les acteurs de la lutte ont mis deux «longues» et «difficiles» années pour obtenir les décrets d’application.

Les avertissements sanitaires devraient sortir au cours
de ce mois
Malgré une volonté affichée par les pouvoirs publics de se doter d’une loi anti-tabac forte, la mise en œuvre tarde à être effective. «Quelques arrêtés ministériels tardent à sortir», indique l’activiste qui dit attendre au courant de ce mois les avertissements sanitaires. «Les avertissements sanitaires nous sont promis. Nous avons encadré le ministère de la Santé, le Comité national de lutte contre le tabac pour que ce mois d’août figurent sur les paquets de cigarettes les avertissements sanitaires pertinents», soutient-il.
L’activiste qui ne semble pas se décourager promet de continuer la lutte. Pour lui, il n’est plus question que l’industrie du tabac continue d’interférer dans la politique de santé. «L’industrie du tabac entre dans les couloirs ministériels du pouvoir pour tromper les décideurs en leur faisant croire que cette loi est dangereuse. Pourtant, il y a une disposition qui interdit cette ingérence», informe-t-il. L’acti­viste plaide également pour la surtaxe du paquet de cigarettes. Le président de la Listab a aussi demandé à ce que les cités religieuses du Sénégal, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes, soient des espaces 100% non-fumeurs, comme stipulé dans la loi.
ndieng@lequotidien.sn