Vendredi, il n’y a pas eu de soins à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh». Pour cause, les travailleurs ont observé un arrêt de travail pour dénoncer leurs dures conditions de travail.
Une maternité en décrépitude. Le sang, une denrée rare. Les matériels, un véritable casse-tête. La qualité des soins, un grand bon en arrière. Les travailleurs de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh» de Tivaouane n’en finissent encore pas de lister leurs maux. «Dans cette structure sanitaire, tous les services sont presque à l’arrêt depuis déjà un an», mentionne l’Intersyndicale des travailleurs de l’hôpital, qui regroupe le Sutsas, le Syntras et le Sames. Face à la presse hier, après un arrêt de travail, ces travailleurs, rouges de colère, mâchent et remâchent ce qu’ils qualifient d’«insulte» proférée par l’Etat en direction de la cité religieuse de Tivaouane. «Il y a une absence totale de kit césarienne dans la maternité de l’hôpital. Le manque de sang, n’en parlons pas, c’est pourquoi il y a un taux de mortalité maternelle très élevé à l’hôpital. Aussi, il y a une absence de cabine hospitalisation. Quant à l’évacuation, elle est payante avec l’ambulance», déplore l’intersyndicale. Laquelle, poursuivant sa diatribe enflammée, dénonce : «Les analyses sanguines des patients de l’hôpital Dabakh s’effectuent dans le Centre de santé de Tivaouane alors que cela devrait être l’inverse. Car au niveau de notre laboratoire, il y a rupture récurrente de réactifs. Aussi l’hôpital ne dispose pas de banque de sang.» Que dire du bloc opératoire ? Là, le constat est tristement ahurissant. A la limite incroyable ! Mais simplement vrai ! «Les travailleurs ne bénéficient pas de respirateur fonctionnel, encore moins de ventilation. Il n’y a même pas de bonnet ni de masque, encore moins de gants d’examen. Sans compter, l’absence totale d’asepsie, de produits d’urgence.» Pis, «l’hôpital ne dispose pas de salle de réanimation alors qu’il y a une rupture fréquente d’oxygène», hurlent les agents de santé, la rage au cœur. L’Intersyndicale des travailleurs de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh» perd presque son latin lorsqu’il s’agit de s’épancher sur les problèmes du cabinet dentaire de l’hôpital : «Les deux fauteuils dentaires sont en panne depuis plus de 6 mois.» Un tableau assez sombre auquel viennent s’ajouter les difficultés du service de la chirurgie. «Il n’y a pas de produits d’entretien ni de matériels de pansement. Aussi, il n’y a pas de draps encore moins de rideaux», s’étranglent les travailleurs. Que dire également du service pédiatre qui souffre aussi : «L’unité de néonatologie a été fermée. Une absence totale d’oxygène fait que le taux de mortalité néonatale reste élevé.» Une situation «catastrophique», selon les travailleurs, qui impactent négativement «le fonctionnement et la qualité des prestations». Ils remarquent : «Ces incessantes ruptures de produits pharmaceutiques, de médicaments, de matériels médicaux, de maintenance, en plus des ruptures de produits d’entretien, de fournitures de bureau, d’imprimes et de registres ont fini de plomber et de tuer les activités de l’hôpital. Le plateau technique est réduit à sa plus simple expression.» Ainsi, disent-ils, «la responsabilité de l’Etat, à travers le ministère de la Santé et de l’action sociale, est plus que jamais engagée». Et d’interpeller l’Etat à «prendre toutes les mesures idoines pour une solution pérenne des problèmes de l’hôpital». Il s’agit surtout, pour les travailleurs, d’allouer à la structure sanitaire, «une subvention financière exceptionnelle ou subvention d’urgence assez consistante pour faire face aux besoins d’urgence et de fonctionnement normal des services». Aussi de «mettre en place une convention entre l’hôpital et la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) pour un approvisionnement en médicaments et en produits pharmaceutiques pouvant couvrir une consommation de 12 mois». Sans compter le relèvement du plateau technique de l’hôpital, la réhabilitation et l’aménagement des locaux, l’amélioration des conditions d’accueil et de séjour des malades, le renforcement des moyens matériels et logistiques, entre autres doléances. Les syndicalistes de terminer par rappeler que «la bonne santé des populations et leur accès facile aux soins de qualité ont toujours été une préoccupation majeure des autorités religieuses de la ville sainte de Tivaouane. Le combat et le plaidoyer pour l’instauration d’un Etablissement public de santé (Eps) ont été portés par les différents Khalifes généraux qui se sont succédé à la tête de la confrérie tidiane, les autorités administratives et municipales ainsi que la Société civile incarnée par le Forum civil». Toutes raisons de souhaiter aux autorités étatiques de trouver des solutions aux problèmes de l’hôpital «Dabakh».