Santé – Lutte contre les décès maternels et néonatals : Pari sur la formation du personnel de santé

En dépit des avancées et des résultats consolidés, les décès maternels et néonatals sont toujours de mise. Et les sages-femmes jouent un rôle vital dans l’atteinte des objectifs, même si des défis subsistent encore dans la formation continue du personnel de soins. Par Justin GOMIS –
Le rôle que jouent les sages-femmes dans le système de santé est vital. Elles contribuent non seulement à donner la vie, mais aussi à la sauver. D’où l’utilité, pour Ibrahima Sy, d’en former plus dans le pays. «Il est aujourd’hui admis que former en quantité et en qualité suffisante un personnel qualifié en obstétrique, en particulier les sages-femmes, permettrait d’éviter 80% des décès maternels et néonatals», rappelle le ministre de la Santé et de l’action sociale, qui présidait la cérémonie d’ouverture des 8émes Journées scientifiques de l’Association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal. Sa lecture de leurs compétences est très claire : «Les sages-femmes peuvent effectuer la plupart des interventions pertinentes en Srmnia-nutrition, essentielles tout au long de la vie, surtout lorsqu’elles travaillent au sein d’un système de santé et d’un environnement global pleinement fonctionnels.»
Pour renforcer le rôle prépondérant qu’elles jouent, des stratégies sont mises en place au plan institutionnel en vue de leur permettre d’atteindre des résultats très satisfaisants dans le pays. «Il s’agit, entre autres, du recrutement de près de 1800 sages-femmes, de la mise en œuvre de la stratégie des sages-femmes itinérantes à Kolda et à Sédhiou, de l’implémentation du Concept du couplet gagnant dans les 12 autres régions, avec la présence d’un infirmier-chef de poste et d’une sage-femme au niveau de chaque poste de santé, du renforcement continu des capacités dans différentes thématiques pour une prise en charge optimale du couple mère-enfant», cite le ministre de la Santé. C’est grâce à leur abnégation, leurs sacrifices et leurs efforts que de nombreux acquis ont été obtenus, notamment dans le monde rural. Bien sûr, le thème de ces 8èmes journées scientifiques, «Les sages-femmes : Une solution vitale pour le climat», est une preuve qui montre qu’elles sont des piliers de notre société. «Il nous permet de disposer de données probantes pour améliorer la Srmnia-nutrition dans un contexte de changements climatiques, car les aléas climatiques ont des effets directs sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. Les vagues de chaleur peuvent augmenter les complications pendant la grossesse, avec des risques de stress thermique chez la mère et le fœtus», note Ibrahima Sy. Il poursuit : «Elles peuvent aussi avoir des conséquences significatives sur la santé des enfants de moins de 5 ans en termes de déshydratation, de coups de chaleur, d’infections, de troubles du sommeil, de problèmes respiratoires, dermatologiques, nutritionnels. Elles augmentent également les risques de maladies d’origine hydrique comme la diarrhée. Elles peuvent entraîner un stress psychologique important pour les mères, affectant leur bien-être mental et, par conséquent, leur capacité à prendre soin de leurs enfants.» Il rappelle que «la survie et la bonne santé des femmes, des nouveau-nés, des enfants et des adolescents est un important facteur de développement». En écho, la présidente de l’Association des sages-femmes assure que le changement climatique représente une menace fondamentale pour la santé humaine. «Il affecte l’environnement physique ainsi que tous les aspects du système naturel et humain, y compris les conditions sociales et économiques du fonctionnement du système de santé», avance Mme Bigué Ba Mbodji. Ainsi, le thème de cette année permet «de mettre en lumière le rôle prépondérant des sages-femmes dans la lutte contre le plus grand défi sanitaire de notre époque, qui est le changement climatique». Selon elle, «il y a un problème mondial, qui entraîne des variations climatiques drastiques, notamment de grande chaleur et des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et intenses, et qui ont des répercussions sur la santé et qui affectent de manière disproportionnée les femmes et les bébés».
A cause du réchauffement, la planète a détruit de nombreux indicateurs dans plusieurs secteurs et met en danger la vie humaine. «Le changement climatique compromet de nombreux déterminant sociaux d’une bonne santé tels que les moyens de subsistance, d’égalité et l’accès aux soins de santé de nos structures de soutien social», ajoute Mme Mbodj. Pour le ministre de la Santé, ces journées scientifiques sont une formidable opportunité pour le système de santé d’explorer des thématiques aussi actuelles et pertinentes pour éclairer les actions en faveur de la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle et infantile. «Elles devront nous permettre de recueillir le résultat de vos pertinentes réflexions et suggestions afin de contribuer à garantir la résilience au changement climatique en faveur de la santé et du bien-être des populations, tout en veillant à l’équité sociale et territoriale dans l’offre de soins de qualité», insiste M. Sy.
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