La région de Diourbel est l’une des régions du Sénégal où le taux de mortalité maternelle, de même que la mortalité infantile, est un peu élevé. Selon Dr Mamadou Dieng, Directeur régional de la santé de Diourbel, ce taux est de 200 décès pour 100 mille naissances vivantes, même si leur ambition est de le réduire de 75%. En plus de ce défi, la Direction régionale de la santé de Diourbel fait face à des problèmes qui nécessitent de la communication pour des changements de comportement en vue d’atteindre leurs objectifs. Il s’agit, entre autres, de sensibiliser les femmes à respecter les rendez-vous, à prendre les médicaments qui sont prescrits pendant la grossesse, mais aussi à faire les visites prénatales très tôt.Par Alioune Badara CISS – 

Le taux de mortalité maternelle et infantile est très élevé dans la région de Diourbel : il est de 200 décès pour 100 mille naissances vivantes. Pour inver­ser la tendance dans la zone qui souffre de plusieurs problèmes de santé, la Direction de la santé de la mère et de l’enfant (Dsme), en partenariat avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), a initié, depuis hier, une caravane de la presse pour la santé de la reproduction, maternelle, néonatale, infantile et des adolescents. Cette caravane, qui séjourne dans le Baol pour une durée de trois jours, a pour objectif de contribuer à réduire la mortalité maternelle, néonatale, infantile et infanto-juvénile, et de faire la promotion de la planification.
Ainsi, la communication pour le changement social de comportement à travers cette caravane constitue une stratégie efficace pour amener l’autorité à signer le décret d’application de la loi Sr, mais également permettre aux femmes d’accéder à la planification familiale.
La santé de la mère et de l’enfant est au cœur des préoccupations des autorités sanitaires de la région de Diourbel. C’est pourquoi, face à la presse, Dr Mamadou Dieng, qui faisait une présentation sur les indicateurs de la région, a souligné que leur combat est de réduire cette mortalité pour soulager les populations de ce fardeau. «Pour les femmes en âge de reproduction, ce sont 57 mille 942 et les grossesses attendues sont de 80 mille 457 dont 13 mille 678 à risque, soit 17% des femmes en âge de procréation. Les césariennes attendues sont à 15, voire 16%, qui sont réalisées par les structures sanitaires pour prendre en charge les grossesses à risque. Ces indicateurs concernent l’utilisation des services avec les taux de couverture adéquats et effectifs, et taux d’achèvement. Ce sont les femmes qui utilisent pour la première fois les consultations prénatales. Donc il y a 42% en 2024. Cela veut dire qu’il y a presque 58% qui ne les ont pas utilisées, alors que la cible est estimée à 90%. Donc il faut sensibiliser ces femmes pour qu’elles utilisent les services de Consultations prénatales (Cpn). Parce que normalement une femme enceinte doit faire ses consultations prénatales. Donc l’utilisation est très faible», déclare le Directeur régional de la santé.
Pourtant, Dr Mamadou Dieng n’a pas manqué de souligner que toutes les femmes qui ne viennent pas en consultations prénatales sont susceptibles de développer des complications au cours de leur grossesse. «D’où l’importance d’inciter les femmes à utiliser les Cpn. Souvent les obstacles à l’utilisation sont liés à l’accessibilité géographique, financière. Mais avec tous ces paramètres, on a des stratégies qu’on a mises en place pour celles qui sont éloignées afin de les rapprocher de l’offre de services. Et celles qui trouvent souvent que c’est trop cher, on les incite à s’affilier à des mutuelles de santé. Et très souvent, on réduit les tickets modérateurs pour que ça soit accessible du point de vue financier», assure Dr Dieng.
Pour les taux de cou­verture des consultations prénatales durant les trois premiers mois, le gap est énorme : sur une cible de 60%, seuls 22% font cette Cpn 1, d’où l’amélioration de la disponibilité des médicaments, de certaines interventions qui doivent être offertes pendant cette couverture. «Aujourd’hui nous sommes à 8 alors qu’avant nous étions à 4 Cpn. Mais malgré ça, la couverture est à 16%. Cela veut dire que sur 100 femmes qui débutent leurs Cpn, il n’y en a que 16 qui les terminent. Ce qui montre que dans cette région, les femmes commencent tardivement leurs Cpn. Alors quand vous ratez une Cpn, vous ne pouvez plus avoir un achèvement à 100%. Donc c’est lié à des croyances socio-culturelles et des pratiques, parce que les femmes enceintes, souvent lors des trois premiers mois, cachent leur grossesse. Elles ne veulent pas aller à l’hôpital parce qu’elles ne veulent pas que les gens sachent qu’elles sont enceintes», déplore le directeur de la Santé de Diourbel.
Selon lui, les solutions doivent passer par la communication et le changement de comportement. «Il faut inciter les femmes à venir très tôt faire les Cpn au cours du premier trimestre de la grossesse, dès qu’on ne voit plus ses règles. On doit consulter pour faire la première Cpn. Ici, nos taux d’achèvement sont faibles parce que les femmes ne viennent pas faire la première Cpn. Parfois, la deuxième-même, elles ne le font pas ou elles le font tardivement. Ce qui fait qu’il est très difficile d’avoir un achèvement qui dépasse les 50%, alors qu’on vise 73%.»
Dans cette zone, l’autre défi reste l’accouchement dans les structures sanitaires : seuls 32% parviennent à le faire. «Ce qui fait qu’il reste à peu près 5% des femmes qui accouchent à domicile. Et vous savez, l’accouchement à domicile comporte beaucoup de risques qui peuvent compromettre la vie de l’enfant et de la maman. Donc le pourcentage d’accouchement assisté par les personnels de santé, ce sont 32%. Chaque année, nous avons besoin de recruter des femmes qui doivent faire la planification familiale. Parce qu’on a constaté que le rapprochement des grossesses est une menace à la vie de la femme mais aussi pour le nouveau-né. Donc il faut allonger l’espacement des naissances. Ce sont au moins 2 ans, voire 3. Il y a une liaison étroite entre le taux contraceptif et le taux de mortalité», précise Dr Dieng.
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