L’Ordre national des médecins du Sénégal (Onms) est préoccupé par l’exercice illégal de la médecine par des personnes non qualifiées. Le président de l’Onms, Dr Jean-François Diène, a souligné l’importance de protéger la population contre ce fléau aux conséquences dramatiques. C’est ainsi qu’il invite les patients à s’assurer de la présence du médecin qui les ausculte sur le tableau de l’Ordre, où sont inscrits 4536 médecins sénégalais. Par Amadou MBODJI – 

L’exercice illégal de leur profession fait mal à l’Ordre national des médecins du Sénégal (Onms). D’où l’engagement des membres issus de cette profession à aller en croisade contre ce fléau des temps modernes. «Si nous, médecins, sommes si intraitables sur nos propres règles et si exigeants vis-à-vis de nous-mêmes, c’est parce que nous connaissons le danger que représentent ceux qui ignorent ces règles. La lutte contre l’exercice illégal de la médecine est un enjeu de santé publique», lance Dr Jean-François Diène, président de l’Onms. Il expose : «L’exercice illégal, c’est le fait, pour une personne non inscrite au tableau de l’Ordre des médecins, de poser un diagnostic, de prescrire un traitement ou de pratiquer un acte médical. Ces individus qui pratiquent l’exercice illégal exploitent la détresse des malades et leur vulnérabilité. Les conséquences sont dès lors dramatiques : retard de diagnostic, erreurs thérapeutiques, aggravation des maladies et hélas, trop souvent, des morts évitables. C’est une tromperie et un danger mortel.»
Face à ce fléau, l’Ordre des médecins n’est pas inactif. «Nous renforçons notre vigilance et travaillons en étroite collaboration avec les autorités sanitaires et judiciaires pour investiguer et poursuivre les usurpateurs. Nous plaidons pour une application plus ferme des sanctions prévues par la loi et leur durcissement», poursuit le président de l’Onms. L’Ordre des  médecins lance un appel solennel à la population. «Avant de consulter, exigez de savoir si votre praticien est en règle avec les principes édictés par la loi et notre code de déontologie. Ce réflexe peut vous sauver la vie. Le tableau de l’Ordre est là pour vous informer, protéger les patients et veiller sur leur santé», lance Dr Jean-François Diène, qui animait hier une conférence de presse sur le rapport relatif à l’exercice de la médecine.
Sur la supposée affaire de faux médecins à Abass Ndao qui avait défrayé la chronique ces derniers temps, le président soutient : «Pour le cas en question, il ne s’agit pas de médecins. Ce sont des infirmiers, des techniciens de blocs opératoires qui peuvent travailler sous la supervision d’un médecin dans le cadre de leurs activités à l’hôpital. Si c’est dans un cadre hors hôpital, ça engage carrément leurs responsabilités, parce que je ne pense pas qu’un médecin puisse autoriser un infirmier à faire des actes en dehors de l’hôpital.»
Il rappelle qu’au sein de l’Onms, il existe une structure dénommée «Formation disciplinaire», dirigée par un magistrat. «Saisie d’une vingtaine de plaintes par des personnes qui considèrent avoir connu des manquements dans le cadre de soins qui leur sont prodigués, cette structure va décider ou pas des sanctions à prendre à l’endroit de ceux qui sont visés par ces plaintes, après avoir au préalable écouté les deux parties», explique-t-il.
Le Sénégal compte 4536 médecins sénégalais, révèle l’Onms. «Pour cette année, 5675 médecins sont répertoriés dans le tableau de l’Ordre, tableau qui comporte deux sections. La section A est constituée de l’ensemble des médecins fonctionnaires ou de médecins contractuels des services publics de santé, ainsi que ceux servant au Sénégal au titre de l’assistance publique technique ou appartenant aux corps enseignants des facultés de médecine ou aux Ufr en santé. Cette section comporte 4805 médecins inscrits. La deuxième section de l’Ordre regroupe les médecins du secteur privé, des services parapublics et tous les autres médecins. Elle compte en son sein 870 médecins. Les médecins sénégalais, toutes sections confondues, sont au nombre de 4536», indique l’Ordre. Il ajoute : «A cela, s’ajoutent des médecins étrangers dont la nationalité permet l’exercice de la médecine au Sénégal et qui sont au nombre de 1139 dont 990 sont provisoirement inscrits.»
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