Pendant trois jours, le Réseau des hôpitaux d’Afrique, de l’Océan indien et des Caraïbes (Reshaoc) tient ses assises à Dakar sur le thème : «La certification des établissements de soins : Etats des lieux de la mise en place de la démarche qualité dans les hôpitaux du Reshaoc.» Cette rencontre, qui vise à faire un état des lieux de la mise en place de la démarche qualité dans les hôpitaux du réseau, a aussi pour objectif de définir une feuille de route afin de faire face aux multiples défis de la certification des établissements de santé.Par Justin GOMIS – 

C’est à travers une conférence inaugurale que les travaux des Rencontres hospitalières du Réseau des hôpitaux d’Afrique, de l’Océan indien et des Caraïbes (Reshaoc) ont été ouverts hier dans la capitale sénégalaise. Les 12es Rencontres, depuis la création en 1996 de l’organisation, se veulent un moment de partage d’expériences pour des directeurs généraux d’hôpitaux. «La certification des établissements de soins : Etats des lieux de la mise en place de la démarche qualité dans les hôpitaux du Reshaoc» est le thème retenu. L’objectif de cette  session, qui va se tenir sur trois jours, est de définir une feuille de route pour le Sénégal en vue de répondre aux nombreux enjeux de la certification des établissements de santé. Il s’agit «de renforcer la crédibilité des établissements de santé, de garantir la sécurité des soins, la qualité de la prise en charge des patients, de donner confiance aux acteurs, partenaires et à l’Etat qui finance à plus de 80% les projets de santé, d’optimiser les processus, de réduire les délais et de rendre fluides les activités administratives», a énuméré le Pr Mamadou Sarr, du Département biologie de la Faculté de médecine de l’Université de Dakar. Selon lui, «la qualité implique fortement la sécurité des soins et toutes les autres dimensions, notamment l’accueil, l’orientation, la gestion des équipements et la maintenance des infrastructures». «Le ministère de la Santé doit organiser une réunion technique pour décliner l’institutionnalisation de la démarche interne au niveau national, pour que tous les établissements de santé s’engagent dans une démarche dite obligatoire, harmonisée, avec des référentiels valides, élaborés, partagés et acceptés par l’ensemble des acteurs», ajoute-t-il.

Intégrer une démarche qualité
Pour sa part, le conférencier a gratifié les acteurs de ses expériences et bonnes pratiques au niveau international. Ce qui va leur permettre de pouvoir commencer les travaux de cette session dont le but recherché est, à travers la certification, de rassurer le patient et le mettre dans de bonnes conditions dans les établissements de santé. «La certification ou l’accréditation des établissements de santé est devenue un sujet d’actualité puisque dans nos hôpitaux, nous voulons faire en sorte que les usagers qui fréquentent ces hôpitaux, puissent  véritablement être rassurés. Qu’ils n’aient pas à appeler quelqu’un ou connaitre quelqu’un au sein des hôpitaux avant de s’y rendre. Nous voulons mettre un peu d’ordre dans la sécurité et la qualité des soins», a soutenu le Pr Dieudonné Gnonlonfoun, neurologue et Directeur général du Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou.
Au regard de l’image que projettent les hôpitaux dans l’espace du Reshaoc, le Secrétaire exécutif du Réseau des hôpitaux d’Afrique, de l’Océan indien et des Caraïbes trouve ainsi la nécessité de se réunir pour outiller les professionnels de santé, sensibiliser et voir l’intérêt d’implémenter une démarche qualité au sein des établissements de santé. Le souci étant de prendre en charge les populations dans un contexte sécurisé. «C’est un gage essentiel pour les différents directeurs des établissements de santé afin que nos populations puissent avoir cette confiance que nous souhaitons sur nos établissements de santé. Et que leur premier recours soit les établissements de santé, pas la médecine traditionnelle», indique le Pr Dieudonné Gnonlon-foun, avant de reconnaitre qu’après l’état des lieux qu’ils ont fait dans la mise en œuvre de la démarche qualité dans l’espace Reshaoc, les résultats ne sont pas très reluisants. «Tous les hôpitaux ne se sont pas encore inscrits dans cette  démarche. Mais les quelques établissements qui sont dans cette démarche rencontrent un certain nombre de difficultés, notamment en termes de ressources humaines qualifiées en matière de démarche qualité, mais également en termes de ressources financières et aussi de motivation des professionnels de santé.»  Néanmoins, le Pr Gnonlonfoun a tenu à préciser que l’Afrique n’est pas seule dans cette situation. «Il n’y a pas moins de réticences dans les pays européens plus avancés en matière d’assurance qualité. Il y a des réticences des professionnels de santé, notamment les médecins.
Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés», dit-il, en assurant que cela ne décourage pas. A travers  les formations, la sensibilisation, cette rencontre de Dakar pourrait être un point de départ pour l’engagement des professionnels de santé dans la démarche qualité, «unique voie pour avoir la qualité et la sécurité des soins au profit des  populations».
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