Des acteurs de la santé de l’Afrique de l’Ouest et du Centre et la Société civile de la région sont en conclave depuis dimanche à Dakar pour contrer l’épidémie du Vih-Sida. Dans ce contexte marqué par la pandémie du Covid-19, ils cherchent à construire une réponse qui ne laisse personne de côté.Par Khady SONKO – 

Le Sénégal accueille depuis dimanche, un Sommet régional de haut niveau sur le Vih-Sida. La rencontre est organisée par l’Onusida et l’Institut de la Société civile pour le Vih et la santé dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Aoc). Les initiateurs de ce conclave indiquent qu’il était important que tous les pays de l’Aoc se retrouvent pour échanger des expériences et voir comment ensemble répondre de manière collective à l’épidémie du Vih dans un contexte de crise sanitaire du Covid. «Il s’agit de voir comment travailler contre cette pandémie tout en continuant les réponses aux autres pandémies», indique Daouda Diouf, directeur d’Enda Santé et de l’institut de la Société civile pour la santé en Afrique de l’Ouest et du Centre, et président du sommet.
Des délégués de 26 pays de l’Aoc, les partenaires au développement, ainsi que 16 ministres de la Santé prennent part à ce sommet et échangent pour identifier les meilleures approches pour sauvegarder les acquis et les progrès contre le Sida et voir comment avoir des réponses plus résilientes à la pandémie du Covid. Le sommet abordera des sujets tels que l’initiative Education plus, le Sida pédiatrique et le financement durable de la réponse au Vih.
La réponse très appréciée du Sénégal au Covid et les avancées du pays contre les autres pandémies lui ont valu le choix pour abriter le sommet. «Nous voulons que les pays de l’Aoc harmonisent leur réponse parce nous sous sommes rendu compte de l’interdépendance entre les pays, d’où l’intérêt d’agir et de bouger ensemble», a dit Daouda Diouf.
Pour obtenir de meilleurs résultats, cette lutte nécessite une Société civile dynamique. «On cherche à faire en sorte que la Société civile et les gouvernements puissent se parler et s’accorder sur les meilleurs moyens de travailler ensemble», explique Simaga Fodé. D’après le directeur du département d’accélération de la réponse au Vih-Sida, à l’Onu, l’Afrique de l’Ouest représente 8% de la population mondiale mais 13% des personnes vivant avec le Vih. Le niveau d’infection de la région reste important avec 77% des patients sous traitement avec plus de femmes que d’hommes, et 35% constitués d’enfants. «3/4 des nouvelles infections sont les jeunes, en particulier les femmes. Pourtant, la région était à la pointe au début de l’épidémie du Sida», déplore le médecin.
Par ailleurs, souligne Abdoulaye Diouf Sarr, l’impact du Covid-19 a été considérable et a remis en question un certain nombre d’acquis, notamment les performances dûment obtenues dont les services indispensables au dépistage, de prévention et de prise en charge qui n’ont pas été assurés de manière continue.
Toutefois, le ministre de la Santé et de l’action sociale exhorte à éviter le piège consistant à remplacer une priorité sanitaire par une autre. Pour lui, il faut plutôt renforcer la santé mondiale dans son ensemble, faire en sorte que les pays soient plus résilients et disposent de capacités nécessaires pour relever les défis sanitaires d’aujourd’hui et de demain. «Nous devons également lutter pour effacer les inégalités et mettre fin aux injustices sociales, sources de nouvelles infections surtout chez les jeunes femmes et les populations les plus vulnérables», dit M. Sarr.
Il appelle à renforcer la résilience et la pérennité des systèmes nationaux de soins et de santé, y compris pour le Vih. «A cet effet, nous devons travailler à lever des obstacles aux services de santé et de prévention et à mettre fin à la stigmatisation, à la discrimination, ainsi qu’à la marginalisation. Nous devons trouver des moyens supplémentaires en privilégiant les financements domestiques afin que nos pays puissent réaliser les investissements attendus au profit des populations les plus vulnérables», recommande-t-il.

Des progrès au Sénégal
Dans les pays où investit le Fonds mondial, les décès liés au Sida ont baissé de 65% au niveau mondial, de 35% en Afrique de l’Ouest alors que les nouvelles infections sont réduites de 37% depuis 2010. Le nombre de personnes sous traitement d’Arv en Afrique de l’Ouest et du Centre a augmenté de 19%. Aussi, les antirétroviraux qui coûtaient 10 mille dollars Us ne coûtent plus de 60 dollars Us.
Des avancées notoires sont enregistrées au niveau local. En effet, souligne le ministre de la Santé et de l’action sociale, «81% des Sénégalais infectés par le Vih-Sida connaissent leur statut, 87% d’entre eux sont sous traitement antirétroviral et 81% ont une charge virale indétectable».
Cependant, Abdoulaye Diouf Sarr invite à considérer les énormes disparités qui existent avec les enfants, les adolescents et d’autres populations parmi les plus vulnérables et insuffisamment pris en compte.
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