Les enseignants de Thiès et Diourbel sont partis ce soir (hier) dans des conditions qui ne respectent pas la distanciation sociale… Qu’en pensez-vous ?

Nous avons été au niveau du terminus de Dakar dem dikk à Liberté 5 pour constater de visu le déplacement des enseignants. Nous n’avons pas attendu ce rassemblement pour déjà attirer l’attention du ministre de l’Education sur ça. Ce matin (hier), je suis allé au niveau de la gouvernance de Dakar pour indiquer au ministre qu’il y a un risque réel de rassemblement des enseignants au niveau du terminus de Liberté 5. Et malheureusement pour nous tous, comme vous l’avez vu, ce rassemblement n’a pas respecté les normes en ce qui concerne les mesures barrières. D’abord la distanciation sociale n’a pas été respectée. Beaucoup de gens qui sont arrivés là-bas n’ont pas de masque. Et c’était le méli-mélo au niveau de Dakar dem dikk. Cela, nous devions l’éviter et nous pouvions l’éviter en faisant un ramassage des agents et peut-être demandé à ce que différents sites au niveau de Dakar soient indiqués pour permettre ce départ des enseignants. Ce que nous avons vu ce soir (hier) au niveau du terminus de Dakar dem dikk ne rassure pas. Nous l’avions dit à l’autorité. Maintenant il va falloir changer très rapidement le dispositif sinon on ne peut pas accepter que les enseignants voyagent dans ces conditions-là et plus grave que ça encore nous avons vu des enseignants qui sont arrivés avec leur famille et on leur dit que non c’est vous seul qui pouvez partir et pas les autres. Et donc c’est une situation de confusion totale que nous avons vue et nous le regrettons très vivement, parce que cela n’augure pas quelque chose de bon ou de durable.

Est-ce qu’il ne faudrait pas procéder à l’aménagement d’autres sites pour faciliter le départ ?
Je crois qu’il y a bel et bien d’autres possibilités d’amener les enseignants, tout en respectant les mesures barrières. C’est d’abord de multiplier les points de rassemblement, s’il doit y avoir un rassemblement. Il ne faudrait pas qu’on mette dans un même endroit des centaines d’enseignants. Cela est dangereux et ça, nous l’avions déjà dit au ministre de l’Education. L’autre élément aussi de façon plus globale avec l’Etat du Sénégal, je crois que comme le chef de l’Etat l’a dit, on apprend à vivre avec le virus. A partir de ce moment, il faut qu’on libéralise le transport, que tous les secteurs soient libéralisés, mais qu’on dise aux Sénégalais il faut qu’on se conforme aux mesures barrières avec notamment le port de masque, le lavage des mains, entre autres le respect de la distanciation sociale, mais tout ça c’est possible. A partir de ce moment, les gens vont partir avec toute la quiétude requise. Dans le véhicule on met le nombre de personnes nécessaires. Je crois que si on le fait, ça permet au déplacement de pouvoir s’effectuer correctement. Et en ce qui concerne les enseignants, ils pourraient prendre les transports et partir en toute quiétude. Mais aujourd’hui, c’est vrai que nous avons loué la décision de faire partir les enseignants avec les véhicules de l’Etat, notamment Dakar dem dikk et autres bus, mais à condition qu’on évite toute forme de regroupement, de les mettre dans une situation qui les indigne et qui les frustre. Je crois que l’Etat a le devoir de veiller à ça. Sinon, ce sera vraiment raté.

Quel est aujourd’hui le moral des enseignants ?
On avait dès le début indiqué une position très claire. C’est le chef de l’Etat, de par ses prérogatives, qui avait décidé de la fermeture des écoles. C’est lui aussi, de ses prérogatives, qui ont décidé de leur ouverture. En tant qu’agents de l’Etat, nous nous conformons comme les autres agents de l’Etat qui aujourd’hui sont à l’œuvre. Il va s’en dire que les enseignants, en bons patriotes, ont compris le message et ils ont voulu regagner leur poste. Cependant, il faut le regretter en tout cas. Le départ de ce soir (hier) ne rassure pas. C’est la raison pour laquelle, pendant qu’il est temps, il faut que le gouvernement corrige ce qui mérite de l’être dans le cadre du dispositif du transport. Une fois qu’on arrive sur place, il faut qu’on trouve aussi ces mesures de sécurité au niveau des établissements. Le problème que nous avions eu au départ, il ne faudrait pas qu’on le retrouve dans les établissements parce que nous avons dit à nos collègues enseignants, lorsque vous arrivez dans une école, il n’y a pas de thermoflash, il n’y a pas les mesure d’hygiène en ce qui concerne les gels, il n’y a pas le respect de la distanciation sociale avec 20 élèves par classe, ne prenez pas le risque de faire le cours, retournez chez vous ! Je crois que l’autorité administrative, tout comme celle académique, comprendra la nécessité de faire respecter scrupuleusement le protocole sanitaire qui a été adopté et qui permet la réouverture des établissements. Je dois le préciser, nous sommes tous des Sénégalais patriotes, autant que nous sommes. C’est la raison pour laquelle nous avons toujours le souci de sauver l’année scolaire. C’est la raison pour laquelle nous avons accepté d’accompagner le gouvernement dans cette décision. Mais ce que nous ne pourrions pas accepter, c’est que l’école soit un nouveau foyer de propagation de la pandémie. Cela serait vraiment très dommage pour le Sénégal et pour l’école sénégalaise.